Attablés à la terrasse du bistrot Des goûts et des couleurs, à Eus
(Pyrénées-Orientales), les derniers touristes du mois de septembre profitent de
la douceur des températures et de la vue spectaculaire sur le Canigou, surnommé
la montagne sacrée des Catalans. Alexia Swinnen apporte sa touche d'harmonie
à ce tableau, circulant avec son sourire et sa vitalité entre les tables pour
servir les clients. Dans ce département à la fois rural et frontalier, où les
cafés ont plutôt tendance à baisser le rideau, la jeune femme a fait le choix
de reprendre le bistrot perché dans ce petit bourg de 400 habitants que
les locaux désignent comme "le village le
plus ensoleillé de France". Un choix qui peut paraître à contre-courant,
mais qu'Alexia Swinnen ne regrette pas : "J'ai décidé de quitter la
Belgique pour m'installer ici il y a une quinzaine d'années et j'ai abandonné mon
ancienne vie d'antiquaire. J'ai donc ouvert ce bistrot de pays en 2006,
pratiquement sans aucun moyen, dans un local désaffecté."
Une activité saisonnière
malgré des habitués locaux
Pourquoi un bistrot ? "Il n'y a pas beaucoup de choix quand on
veut créer une entreprise par ici et même si c'est un peu compliqué, l'affaire
marche bien, répond Alexia Swinnen. D'ailleurs, j'ai tout de suite eu
une clientèle locale qui représente aujourd'hui 30 % de la fréquentation
du bar."
Ce qui lui ne permet pourtant pas d'aller au delà d'une grande saison
estivale. Le bistrot fonctionne ainsi à plein de début avril jusqu'à
mi-octobre, puis uniquement les week-ends à rallonge. La propriétaire ne cache
d'ailleurs pas les difficultés à rentabiliser une telle affaire : "Je m'étais
donné trois ans pour pouvoir vivre de mon activité et j'y suis arrivée. Je ne
partais pas avec de très grandes ambitions mais plutôt dans l'idée que je
saurais me satisfaire de peu... Si j'avais voulu faire du business, je serais
restée dans le Nord où j'aurais gagné au moins trois fois plus qu'ici." D'un autre côté, la jeune femme se
réjouit de profiter désormais à Eus d'une "qualité de vie absolument unique".
Une qualité qui se retrouve sur une carte proposant essentiellement de
la petite restauration - salades, croque-monsieur… - mais avec le parti pris de
travailler en circuit court et avec des produits locaux. On trouve notamment
sur l'ardoise des bruschettas à base de fromage du Conflent et, bien évidemment,
le pichet de vin rosé local.
Publié par Francis MATÉO