L’Hôtellerie Restauration : En 2020, malgré la crise, l’apprentissage a connu une progression avec près de 150 000 contrats supplémentaires signés en entreprise par rapport à 2019. Qu’en est-il pour 2021 ?
Elisabeth Borne : La hausse historique de l’apprentissage continue en 2021, avec près de 720 000 contrats d’apprentissage signés. C’est une très bonne nouvelle qui confirme cette belle progression engagée depuis le vote de la loi en 2018, et j’en suis particulièrement fière pour tous les acteurs de l’apprentissage qui œuvrent pour son développement.
Comment expliquez-vous le succès de l’apprentissage ? Les aides jouent-elles un rôle dans ce succès ?
La loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel a rendu le système plus efficient et plus transparent, favorisant l’innovation et la réussite éducative et professionnelle des jeunes. Le financement au contrat, la création de l’aide unique et la simplification des démarches pour créer un CFA ont constitué des éléments-clés du succès de l’apprentissage. Nous sommes passés d’un peu moins de 1 000 à près de 3 000 centres de formation des apprentis (CFA) en trois ans.
L’aide exceptionnelle mise en place dans le cadre du plan ‘1 jeune, 1 solution’ a également permis de prolonger la dynamique initiée en 2018, tout en sécurisant l’emploi en alternance au plus fort de la crise sanitaire. L’employeur peut également disposer d’autres aides, comme des exonérations de cotisations sociales, des aides à l’embauche d’apprentis en situation de handicap ou encore des déductions fiscales de la taxe d’apprentissage.
Comment le secteur de l’hôtellerie-restauration se situe-t-il par rapport à l’ensemble des formations en apprentissage ?
Le secteur de l’hôtellerie-restauration recrute traditionnellement beaucoup d’apprentis et il profite également de cette dynamique, même si le poids des contrats signés dans ce secteur a diminué par rapport à 2020. Le nombre d’apprentis reste globalement stable - autour de 30 000 - alors que les effectifs de l’hôtellerie-restauration sont en baisse. Nous avons adapté les évaluations des apprentis de ce secteur pour qu’ils puissent obtenir leur diplôme malgré les fermetures d’établissements, sans impacter le socle de compétences requises pour obtenir les certifications. Le secteur a en effet été particulièrement affecté par la crise sanitaire en 2020 et 2021, mais je reste persuadée qu’une fois la crise sanitaire derrière nous, le nombre d’apprentis augmentera à nouveau.
Est-ce que tous les jeunes apprentis ont réussi à trouver une entreprise ? Si non, quelles en sont les raisons, selon vous ? Comment y remédier ?
La majorité des jeunes trouvent une entreprise pour effectuer leur alternance. Ceux qui rencontrent des difficultés ont la possibilité de démarrer leur formation avant d’avoir signé un contrat d’apprentissage pendant 3 mois maximum. Pendant cette période, le CFA a pour mission d’accompagner ces jeunes en recherche d’employeur. Ils peuvent aussi se rendre sur le site 1jeune1solution.gouv.fr.
Certains employeurs peuvent se montrer frileux au moment de recruter un apprenti, et c’est pour cette raison que nous devons continuer nos efforts pour les convaincre que l’apprentissage constitue une véritable voie d’excellence et une formidable chance de pouvoir transmettre ses connaissances aux jeunes générations. La dématérialisation de la transmission du contrat d’apprentissage a permis de fluidifier le processus et d’éviter les lourdeurs administratives. Et pour rappel, l’aide exceptionnelle à l’apprentissage a été prolongée jusqu’au 30 juin 2022.
Quels conseils donneriez-vous à une personne éloignée de l’emploi ?
Les chiffres sont éloquents : l’emploi est reparti à la hausse avec près de 2,5 millions d’embauches entre octobre et décembre 2021, un record depuis plus de vingt ans, et le chômage a atteint son plus bas niveau depuis près de quinze ans. C’est donc le moment ou jamais de chercher un emploi. De nombreux secteurs sont en manque d’effectif et sont prêts à recruter, et notamment l’hôtellerie-restauration. Et si vous ne disposez pas de toutes les compétences nécessaires pour occuper un emploi, vous pouvez bénéficier de formations préparatoires qui débouchent sur une promesse d’embauche. Afin d’inciter les demandeurs d’emploi de longue durée à reprendre leurs recherches, des actions de remise en dynamique sont proposées par Pôle emploi, qui a recontacté tous les chômeurs de longue durée fin 2021.
Qu’est-ce qui pourrait contribuer, selon vous, à atténuer les effets de la crise d’attractivité que connaît la profession ?
La crise sanitaire et les fermetures d’établissements pendant plusieurs mois ont conduit de nombreux salariés à se reconvertir dans un autre domaine, et les nouvelles recrues ont fortement diminué par rapport aux années précédentes. Afin de restaurer l’attractivité du secteur, il était nécessaire que celui-ci engage un chantier sur le niveau des salaires et les conditions de travail.
Nous avons incité les partenaires sociaux à négocier pour aboutir à un accord permettant de rendre les salaires plus attractifs, et c’est désormais chose faite. Je tiens à féliciter tous les acteurs de la branche pour la signature de l’accord, qui se traduira par une augmentation moyenne sur l’ensemble de la grille de plus de 16 %. Pour les bas salaires, le minima sera désormais supérieur de 5 % au smic, soit une augmentation de plus de 1 000 € bruts par an.
Les négociations vont désormais porter sur la refonte des grilles de classification, sur les conditions de travail, ou encore les horaires de travail. C’est une étape primordiale pour que cette profession retrouve un bon niveau d’attractivité.
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Publié par Romy CARRERE