États-Unis, un marché d'opportunités

New York (Etats-Unis) Pour les candidats au départ, le chemin est semé d'embûches. Mais pour les plus débrouillards, "tout est possible".

Publié le 08 mars 2012 à 11:20
Le rêve américain est toujours possible. Si la récession a mis un violent coup d'arrêt à l'emploi, le marché recommence tout juste à frémir. La restauration a crée 157 000 emplois pendant les onze premiers mois de 2010, après avoir supprimé 294 000 emplois durant les 24 mois précédents. Le marché a pris 1,5% en 12 mois, selon l'Association nationale des restaurants (National Restaurant Association) citant des chiffres de l'agence fédérale du travail (Bureau of Labor Statistics). « L'embauche est repartie dans toutes les fonctions », explique Cynthia Billeaud, responsable des ressources humaines pour le groupe Dinex de Daniel Boulud. L'industrie tire son épingle du jeu : le marché de l'emploi n'a crû que de 0.6%. La croissance est tirée vers le haut par les traiteurs, fournisseurs et bars. A la traîne, la restauration rapide (+0.7%), les snacks et cafés (+0,1%), tandis que les cafeterias et buffets reculent.

L'hôtellerie se porte bien : "Les groupes hôteliers qui ont du cash ont d'excellentes opportunités actuellement. New York attire, notamment parce que le dollar est faible et le taux de remplissage dans les hôtels est excellent», explique Alexis de Bretteville, président de la zone Amérique de Michael Page International, un cabinet de recrutement qui compte Accor parmi ses clients. Les ouvertures d'hôtels se succèdent à une vive allure, notamment à New York. Depuis 2008, 17 000 nouvelles chambres sont venues s'ajouter aux quelque 70 000 que comptait déjà Manhattan. L'industrie de l'hébergement a crée 16 500 emplois entre novembre 2009 et novembre 2010, pour employer maintenant 1 751 500 million de personnes.

 Le visa : un sésame difficile à obtenir
Depuis la récession de 2009, il est devenu encore plus difficile d'obtenir un permis de travail. "Nous notons un changement majeur dans le traitement des demandes de visas", note Becki Young, une avocate de l'immigration spécialisée dans l'industrie de l'hospitalité. "Du fait de l'économie, la politique des services d'immigration américains est de scruter tout et refuser quand ils le peuvent. Les formalités administratives sont devenues de plus en plus lourdes", déplore-t-elle. Elle cite le cas d'un restaurant étoilé qui existe depuis vingt ans : pour prolonger le visa d'un de ses employés, les propriétaires ont dû fournir toutes sortes de papiers (déclarations d'impôts, licences). "Si vous avez la vingtaine, le visa J1 est probablement le plus logique pour vous. C
'est la manière la plus rapide et facile pour un employeur", recommande-t-elle. "Il est peu probable de trouver un employeur aux Etats-Unis qui vous sponsorisera pour un autre type de visa, sauf s'ils vous connaissent déjà car les autres visas demandent un temps, des efforts et un coût substantiel." (lire encadré)

Pas facile pour les jeunes désireux de tenter l'aventure américaine mais pas impossible : «Je vois les Etats-Unis comme un marché d'opportunités" explique Alexis de Bretteville. "Les Américains sont toujours ouverts à des compétences spécifiques. Il y a des « angles d'attaque », des moyens d'y arriver pour ceux qui sont très débrouillards."

Des opportunités
Les perspectives d'évolutions de carrières sont intéressantes. "Il y a de magnifiques marques américaines de restauration : le groupe de Danny Meyer, BR Guest, China Grill...Tous ces groupes ouvrent des restaurants non seulement aux Etats-Unis mais à l'international. Il y a de vraies carrières à faire dans l'hospitalité en Amérique", explique Remi Laba, copropriétaire de trois restaurants à Manhattan (Bagatelle, Villa Pacri et La Petite Maison). "Il y a aussi des groupes comme le nôtre qui grandissent et recherchent des talents."

Le savoir-faire à la française est prisé, tout comme l'état d'esprit :"Les Français envisagent la restauration comme un carrière, alors que pour beaucoup d'Américains, c'est simplement un job," explique Aymeric Clemente, l'associé de Remi Laba. "Pour moi, travailler dans un restaurant est comme travailler pour mon père. Quand il y a quelque chose par terre, je le ramasse. Ici ils ont souvent une mentalité de syndicat».

Aux Etats-Unis, le travail est récompensé : "Monter en grade peut aller beaucoup plus vite qu'en France", explique Philippe Vongerichten, 46 ans, frère du chef Jean-Georges Vongerichten et maître de maison au restaurant étoilé Jean Georges. Et la rémunération suit : à Jean Georges, un serveur gagne en moyenne entre 900 et 1100 dollars par semaine
, en fonction des pourboires, un capitaine (ou chef de rang) entre 1300 et 1500 dollars.

Enfin l'esprit entrepreneur reste une valeur clé. La preuve : une jeune génération de restaurateurs français à l'instar d'Aymeric Clemente, Remi Laba, Maxime Paul-Mercier (lire témoignage) apporte sa pierre à l'édifice de la cuisine française outre-altantique. Remi Laba revient sur le succès de Bagatelle, leur bistrot français dans le sud de Manhattan : "On pensait qu'on avait une carte à jouer mais on n'aurait jamais parié sur un tel succès". Il poursuit : "Aux Etats-Unis, si vous avez une idée et que vous arrivez à trouver les financements pour la mettre en oeuvre, tout est possible".

Publié par Laure GUILBAULT



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