L'Hôtellerie Restauration : Vous aviez porté plainte
il y a un an contre un internaute anonyme qui avait écrit un commentaire malveillant
sur un site internet. Quelles ont été les suites de cette plainte devant le
tribunal de commerce de Perpignan ?
Hervé Montoyo : Le jugement a été rendu en
ma faveur, avec une condamnation du site à retirer l'avis, à me donner l'adresse
IP de l'internaute et à verser une amende. La justice poursuit les
investigations, ce qui me permettra de connaître bientôt l'identité de l'internaute
en cause. Et j'irai jusqu'au bout de ma plainte. Parce que, au-delà du préjudice
direct de cet avis malveillant, j'ai passé énormément de temps depuis un an sur
ce dossier, au détriment de ma vie de famille et de mon entreprise.
Comment avez-vous vécu
cette démarche ?
J'ai été d'abord été
agréablement surpris par l'adhésion des professionnels, qui ont apprécié que je
fasse ce premier pas contre un site internet et me l'ont fait savoir. D'un
autre côté, j'ai subi des réactions malveillantes de la part de certains qui
ont tenté de me salir sur internet à cause de cette action en justice. Il y en
a même un qui est allé jusqu'à me traiter de fasciste en appelant au boycott de
mon restaurant ! Mais les sites se sont dépêchés d'enlever ces avis
choquants et injurieux. En tout cas, à aucun moment je n'ai regretté ma
démarche. Et si c'était à refaire, je le referais. Je retiens surtout les
soutiens, notamment au sein de l'Umih, au plan national et local, à commencer
par celui de François Galabert, président de l'Umih 66. Je me
réjouis aussi des encouragements de mes confrères, dont un chef étoilé célèbre
qui m'a appelé pour me dire : "Tu es le Robin des bois des
restaurateurs." Et puis surtout, j'ai résolu le problème : je n'ai
plus d'avis frauduleux sur mon restaurant. C'est fini, totalement fini.
Quelles sont les
conséquences de ce jugement sur la profession ?
C'est d'abord une
libération pour de très nombreux restaurateurs qui hésitent souvent à porter
plainte, parce que cela semble compliqué et que notre activité ne nous en
laisse pas forcément le temps. C'est pourtant un problème récurrent, je suis
bien placé pour le constater : énormément de confrères m'appellent
directement ou au bureau de l'Umih 66, de toute la France, chaque semaine
voire chaque jour, pour me dire qu'ils sont dans le même cas. Internet est un
outil extraordinaire, mais il y a un revers de la médaille que le législateur n'avait
pas pris en compte, et le jugement va aider à avancer sur ce plan. C'est une
dimension qui sera prise en considération dans la loi Macron II. L'idée étant d'interdire
l'anonymat des internautes, ce qui serait un très grand pas en avant.
Publié par Francis MATÉO