Pour la préfecture de la Creuse, il s'agit de "limiter la gêne du voisinage et les troubles possibles à l'ordre public" en imposant la fermeture des bars de nuit une heure plus tôt (de 2 heures à 1 heure du matin), depuis le 1er mars. Pour les propriétaires de ces derniers, le commentaire varie du "canular" au "coup de grâce" selon leur situation, mais tous soulignent l'incohérence d'un arrêté qui risque de remettre en cause une rentabilité déjà très aléatoire. L'affaire fait grand bruit dans les établissements creusois, principalement à Guéret (16 000 habitants) où la vie nocturne est déjà peu agitée, en regard d'une moyenne d'âge local assez élevée. Une page Facebook, créée spécialement pour l'occasion, a rassemblé plus de 1 700 fans ('défense des bars creusois'), tandis que des gérants s'inquiètent à divers titres. Tel celui du pub Rochefort, organisateur de karaokés se déroulant le jeudi de minuit à deux heures, ou celui du Modjo, ouvert seulement week-end et menaçant de mettre la clé sous la porte.
Dérogations en vue
Annie Blazanet, patronne du Petit Breuil à La Courtine et responsable de l'Umih 23, relativise cependant les effets de cette mesure. "Il faut analyser les causes, détaille t-elle. La préfecture ayant réagit suite à plusieurs incidents nocturnes, dont un mortel à Aubusson. D'autre part, les gérants concernés auront la possibilité de demander des dérogations lors d'événements ciblés, qui seront examinées avec bienveillance. Mais il est certain que fermer plus tôt aura des retombées économiques, comme ici, où les bars travaillent en soirée, avec le camp militaire." Les 120 établissements doivent se plier au texte. Mais une autre question a été soulevée, notamment par Corinne Castillo, qui tient le Guet Apens à Guéret, ouvert jusque-là de 23 heures à 2 heures du matin : "Les clients ne seront pas pour autant plus faciles à gérer. Que feront-ils une fois le rideau tiré, sinon aller boire dans la rue ?"
Publié par Jean-Pierre GOURVEST