Déclaré en liquidation judiciaire en
juillet 2016, le casino de Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales)
avait bénéficié d'un sursis de la part du tribunal de Perpignan,
l'autorisant à rester ouvert pendant six mois afin de trouver un
repreneur. Une mesure exceptionnelle pour cet établissement rural
qui est aussi le plus petit casino de France. Mais en novembre
dernier, il fermait ses portes en attente d'un hypothétique nouvel
exploitant.
José Gimenez est cet homme providentiel. En
reprenant le casino, il effectue aussi un "retour aux
sources" puisqu'il y a travaillé pendant dix-sept ans ;
il y a même commencé sa carrière à l'âge de quinze ans, jusqu'à
occuper tous les postes... avant d'être licencié à cause des
difficultés économiques. Ce fut alors "un mal pour un
bien" pour José Gimenez , qui sut rebondir en acquérant
le casino de Font-Romeu, dans le même département.
Après une remise à neuf justifiant un
investissement de quelque 80 000 €, le nouveau propriétaire a
rouvert le casino de Vernet-les-Bains en janvier. En tout cas
partiellement : le bar, le restaurant d'une cinquantaine de
couverts, la salle de spectacles (240 sièges) et la discothèque
pouvant accueillir jusqu'à 200 clients étaient donc à nouveau
opérationnels... mais pas la salle de jeux et sa trentaine de
machines à sous ! Car la fermeture du casino avait entraîné
la suspension d'autorisation d'exploitation des jeux. José Gimenez a
dû soumettre un nouveau dossier auprès du ministère de
l'intérieur, pour enfin pouvoir ré-ouvrir l'espace des jeux le 13
juillet dernier.
"Il fallait vraiment être du métier"
Bien qu'il s'agisse du plus petit
casino de France, la reprise n'était pas si simple. "Au
contraire, assure José Gimenez : Si
je n'avais pas été un professionnel du secteur, il aurait été
impossible de reprendre les machines à sous, justement parce que
nous sommes ici dans le plus petit casino, et que, par nature, il ne
rapporte pas beaucoup d'argent. Car même si 54 % du chiffre
d'affaires réalisé par les machines à sous part dans les caisses
du Trésor public, ce ne sont finalement pas des affaires très
intéressantes pour l'État."
D'un autre côté, ce
n'est pas non plus le type de casino qui intéresse les grands
groupes, pour la simple raison qu'ils n'ont pas l'habitude
de gérer d'aussi petits établissements. Sur la rentabilité
globale, le nouveau propriétaire du casino de Vernet-les-Bains ne se
dit cependant pas trop inquiet : "Ce sont des
entreprises qui restent rentables, si on les gère de manière
professionnelle et avec un service raisonnable. Nous sommes le seul casino en France où l'on fait plus de
chiffre d'affaires avec les activités annexes qu'avec les jeux."
D'où l'importance des animations liées au bar, la discothèque et
le restaurant, doté d'une nouvelle cuisine de 55 m². "Pour
être rentable, il faudra réaliser 600 000 € de chiffre d'affaires
annuel, dont 200 000 € en restauration, 300 000 € aux jeux, et
100 000 € à la discothèque", estime José Gimenez, qui
compte une douzaine de salariés à Vernet-les-Bains.
Pour atteindre
cet objectif, le nouveau patron peut miser sur la clientèle de
curistes de cette station thermale, mais aussi sur la clientèle
locale de particuliers et de groupes (pour les 'thés
dansants' du dimanche ou les mariages, notamment). "Il
est vrai que l'isolement est une contrainte, conclut José
Gimenez, mais ce peut être un avantage : je sais
d'expérience que l'on peut faire le plein ici, notamment les
week-ends, car nous sommes aussi la meilleure attraction pour les
résidents de Vernet-les-Bains et des alentours."