Il n’est pas facile, quand on est sourd profond, de trouver un emploi. Aussi Arthur Devillers, sourd de naissance, a-t-il préféré se mettre à son compte. Son fast-good Furahaa Break, implanté au cœur du IXe arrondissement de Paris depuis l’été 2018, propose une cuisine végétalienne et bio, des spécialités du monde entier (burger, wrap, bo bun, etc.)… et une immersion au pays des sourds. "J’ai embauché trois salariés sourds. J’ai voulu que ce lieu soit un point de rencontre entre sourds et entendants", explique-t-il. Au mur, un écran diffuse en boucle les signes les plus utiles (bonjour, bon appétit, merci…). Des brunchs sont même organisés chaque mois, afin d’apprendre les rudiments de la langue des signes.
"Une petite gymnastique"
Pour passer commande au comptoir, les clients peuvent pointer du doigt le tableau où sont indiqués les plats illustrés. Ils reçoivent un ticket avec un numéro de commande, et un vibreur les alerte lorsque leur plat est prêt. "Les gens s’adaptent très facilement. Et quand, parfois, les clients demandent une chose qui n’est pas claire, j'ai une tablette d'écriture pour me permettre de communiquer. Parfois aussi, je m’exprime par mimique", poursuit le jeune homme. "J’ai connu des sourds profonds qui avaient un poste de vendeur. Sur la partie prise de commande, c’est juste une petite gymnastique pour les clients. Ils peuvent par exemple cocher une fiche sur laquelle sont indiqués les différents plats de la carte", confirme Claire Chotard, chargée de relations employeurs au sein de Cap Emploi 27.
Pour les réservations, Arthur Devillers a recours aux SMS, à facebook ou aux e-mails. Un système lumineux a également été mis en place, afin de communiquer entre le restaurant et le bureau, situé au sous-sol. L’entrepreneur est d’ores et déjà en quête d’investisseurs pour lancer cette année trois mini-kiosques Furahaa Express à Paris. À terme, il espère même développer un réseau franchisé dans l’Hexagone. “L’objectif est d'encourager le recrutement des sourds en cassant les préjugés”, note-t-il. Et Ivan Talpaert, directeur de la sécurisation des parcours à l’Agefiph, d’enchérir : “Un collectif de travail s’enrichit toujours d’une différence”.
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Publié par Violaine BRISSART