Bonne nouvelle : pour la première fois, le secteur de la restauration repasse dans le vert par rapport à l'avant-crise sanitaire. D’après la dernière Revue stratégique de Food Service Vision, le marché de la restauration est positif en valeur en mai (+ 4 % par rapport à mai 2019). La restauration commerciale affiche même une performance de + 7 %. La demande est en effet très favorable. “96 % des consommateurs ont acheté un repas hors domicile entre février et mai. La restauration sur place est à son plus haut niveau de fréquentation depuis le début de la crise, 84 %, alors que les autres canaux - vente à emporter, livraison, bars et cafés - se stabilisent”, constate Florence Berger, directrice associée chez Food Service Vision. De bons résultats qui s’expliquent principalement par une météo printanière favorable et un bilan très positif des vacances de printemps. “Le niveau des dépenses des Français en vacances est bien supérieur à leurs dépenses dans leur quotidien”, relève l’experte.
La consommation sur le lieu de travail bénéficie d’un retour des actifs au bureau (91 % en mai 2022, contre 83 % un an auparavant). Toutefois, de nouveaux arbitrages s’imposent : “Sur dix repas réalisés dans un contexte professionnel, près de six sont achetés en circuit GMS ou apportés de chez soi, contre cinq sur dix avant la crise.”
Une rentrée incertaine
Au sujet des perspectives estivales, Florence Berger se montre plutôt optimiste : “Nous analysons les taux d’occupation des hôtels, l’activité des transports aériens, les prévisions des Français pour leurs sorties au restaurant… Les résultats vont être portés par le tourisme, nous devrions être légèrement au-dessus de la dynamique observée fin mai.” En revanche, la rentrée s’annonce plus incertaine : elle dépendra des arbitrages des consommateurs et de la spirale inflationniste. Au deuxième trimestre 2022, les distributeurs CHD ont affiché des tarifs généraux en hausse de 13,9 %, certains produits connaissant une véritable flambée, comme la moutarde (+ 23,9 %), la viande de boeuf (+ 28,2 %), ou encore les frites (+ 14,6 %). Le coût des matières pour un fast food a augmenté de 20 % entre octobre 2021 et avril 2022, et de 9 % pour une pizzeria. Or, les restaurateurs indépendants ont appliqué en moyenne une hausse de 4,2 % depuis février, rognant sur leurs marges et dégradant leur modèle économique. “Les consommateurs semblent accepter ces hausses. Mais l’inflation pèse sur une partie des ménages dont le reste à vivre est de plus en plus faible”, souligne Florence Berger.
La RSE au cœur des préoccupations
Dans ce contexte, la RSE semble s’imposer comme l’une des priorités des chaînes de restauration. “Le passage à la vaisselle réutilisable en janvier 2023 pour la consommation sur place en restauration rapide entraîne des changements importants. Mais c’est sans doute le made in France qui représente l’approche la plus marquante. La RSE est également un sujet qui permet de fédérer les équipes, de donner du sens au travail, contribuant ainsi à la valorisation de la marque employeur”, observe-t-elle. Un point clé, alors que le secteur est confronté à de profondes difficultés de recrutement.
Publié par Violaine BRISSART