Mercredi 19 février, l'Umih et le Groupement national des chaînes (GNC), ont présenté le Manifeste des cafés, hôtels, restaurants et établissements de nuit. Ce texte de 28 pages s'adresse aux futurs élus municipaux. Il rappelle d'abord le poids du tourisme et le rôle des établissements CHR dans l'aménagement du territoire : des chiffres clés pour une prise de conscience nécessaire. La consommation touristique représente 149 milliards d'euros, le chiffre d'affaires des CHRD s'élève à 80 milliards d'euros (source : Direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services, 2013)... Le secteur représente deux millions d'emplois non délocalisables et un maillage territorial vecteur de lien social et culturel. Il contribue aussi au financement des collectivités au travers de la taxe de séjour communale qui "a rapporté en 2011 près de 212 M€ à 2 477 communes et 673 communautés de communes". De plus, il est porteur d'avenir pour près de 100 000 jeunes en formation chaque année et ses entreprises constituent un réseau économique où l'humain domine.
Des entreprises affaiblies
Malheureusement, ces entreprises, des TPE et PME pour la plupart et à "forte intensité de main-d'oeuvre", martèle le manifeste, ont été particulièrement affaiblies par "l'alourdissement de la fiscalité" en général et les nombreuses charges et contraintes propres à l'activité qui se sont accumulé ces dernières années au niveau national ou local. Le manifeste liste les mesures qui ont le plus impacté le secteur, de la suppression de l'exonération des charges sur les heures supplémentaires à l'augmentation généralisée des droits de terrasse. "L'empilement des taxes (séjour, terrasses, trottoirs), l'élargissement de leur assiette et l'augmentation des taux accroissent d'autant la fragilité de nos établissements et mettent en péril leur pérennité", déplorent les rédacteurs du manifeste qui demandent aux prochaines gouvernances territoriales d'instaurer une véritable "concertation" avec la profession avant la mise en oeuvre de toute nouvelle mesure (environnement, bruit, fiscalité, réglementaire…). En d'autres termes, la coupe est pleine et il est sans doute urgent, pour ne pas dire essentiel, que les municipalités prennent davantage en considération l'environnement propre à chaque secteur d'activité.
Lutter contre la concurrence illégale
Bien sûr, le manifeste n'est pas aussi tranché dans sa rédaction mais, à la lecture des arguments, un travail en commun s'impose. Pour preuve, les activités illégales de vente d'alcool ou d'hébergement qui se multiplient. Concurrence déloyale, défaut d'hygiène, absence de sécurité : l'Umih a initié l'an dernier plusieurs actions qui ont abouti à "l'instruction interministérielle du 23 décembre 2013, cosignée par les ministres Sylvia Pinel et Benoît Hamon", demandant "aux préfets de sensibiliser les maires de leur département sur les réglementations applicables aux loueurs de chambres d'hôte et aux sanctions en cas de non-respect de ces obligations". Un premier pas. Le manifeste consacre également un large chapitre à l'impact environnemental, soulignant que les "hôtels, cafés et restaurants sont très dépendants de l'énergie et sont par conséquent de possibles terrains d'expérimentations pour les nouvelles technologies". Oui, les CHR sont des acteurs importants de l'évolution énergétique et des circuits courts : "Nos professionnels sont des vitrines de l'évolution de l'équipement et des achats éco-responsables."
D'autres sujets plus conflictuels et sensibles sont abordés comme le bruit, le développement du e-commerce, l'accessibilité. À chaque fois, le manifeste pose et interpelle, propose et recommande. L'Umih a missionné ses présidents départementaux. Ceux-ci sont invités à prendre contact avec les candidats aux municipales pour les rencontrer et leur remettre ce manifeste qui identifie très clairement et en détail les difficultés des entreprises CHR et leur potentiel. "Faire du tourisme un moteur du développement économique et social de notre territoire est l'un des enjeux du mandat municipal prochainement en débat", résume Roland Héguy, président confédéral de l'Umih, qui plaide pour une politique touristique locale "renouvelée et concertée". Que du bon sens.
Publié par Sylvie SOUBES