La Défense
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La génération des 18-35 ans souhaite se singulariser, vivre des expériences nouvelles et spécifiques. Au restaurant, cela se traduit par une demande accrue en produits bio et naturels, une traçabilité claire et une offre variée, affirme Richard C. Delerins, chercheur au CNRS, lors d'une conférence organisée par le Syndicat de l'équipement des grandes cuisines.
Publié le 03 juillet 2018 à 17:31
De gauche à droite : Pascal Marchand, président du Syneg, et André-Pierre Doucet, secrétaire général du syndicat, lors de l'AG du 21 juin à La Défense.
Sortie de la 9e édition du Guide technique consacré aux matériels de cuisines professionnelles.
Ils sont nés après 1982, et ont entre 18
et 35 ans. En France, ils représenteront la moitié de la population en 2020 et
3 actifs sur 4 d'ici à 2030. 'Ils', ce sont les millennials. Une génération "j'ai
le droit", dont les modes de consommation ont fait bouger de
nombreux repères dans notre société. À commencer par ceux liés à l'alimentation.
"Comment la restauration hors-domicile peut-elle répondre aux nouvelles
attentes des millennials ?" : le Syndicat national de l'équipement
des grandes cuisines (Syneg) a profité de son assemblée générale du 21 juin
dernier, pour poser cette question à Richard C. Delerins,
anthropologue, codirecteur du Food 2.0 LAB et chercheur au CNRS.
Pour y
répondre, celui-ci a brossé un profil détaillé des millennials, qui met en
avant une quête de singularité, d'expériences, de spécificités pour affirmer
une différence. Ainsi trouve-t-on trois fois plus de végétariens chez les 18-35
ans, et 40 % d'entre eux se disent intolérants au gluten - alors qu'une
personne sur 100 l'est réellement en France. D'autres aspects sont plus anecdotiques :
"Ils
sont également attirés par la couleur rose, affirme Richard C.
Delerins : d'où le Kit Kat rose, la cocotte rose signée Le Creuset
ou encore le succès des vins rosés."
"Ils ont envie de tout voir en cuisine"
Les millennials ne sont pas à un paradoxe
près : ils aiment cuisiner, mais adorent sortir. Ils connaissent les
restaurants, mais se font livrer chez eux. Ils sont adeptes du pique-nique à
partager, tout en prônant l'art de manger seul. L'anthropologue cite en
référence la réussite du restaurant EenMaal à Amsterdam, dupliqué dès novembre
à Londres, dont les tables sont prévues pour n'accueillir une seule personne.
Surinformés sur ce qu'ils mangent, les 18-35 ans réclament aussi de la
qualité. Pas question de faire du réchauffé. Ils veulent du frais, du bio, du
naturel et une traçabilité irréprochable. Plus la cuisine est ouverte, mieux
ils se portent : "Ils ont envie de tout voir en cuisine",
souligne Richard C. Delerins. Ils peuvent dîner dans un gastronomique un soir,
avaler un burger le lendemain et bruncher 100 % végétarien le dimanche.
Une ouverture d'esprit qui traduit "une forme d'expression de soi". "D'où
le succès de la chaîne de restaurants Subway, conclut l'anthropologue : en
permettant à de chacun de composer son propre sandwich, on personnalise ce que
l'on va manger et on exprime ainsi sa différence. "