Monsieur le Maire de Lyon,
Notre profession, cafés, hôtels, restaurants et discothèques, a été - aux côtés de l’événementiel et de la culture - une des plus exposée et une des plus impactée par cette pandémie et par ces interdictions d’accueillir du public à répétition.
Mercredi 31 mars, nous avons vu nos fermetures prolongées d’au moins 6 semaines encore. Beaucoup d'entre nous ne se relèveront pas du tout alors que d'autres mettront des années à éponger les dettes accumulées pendant cette longue année de souffrances. D’aucuns ont malheureusement déjà décidé d’arrêter leur activité ou pire... d’en finir.
Chaque Français a envie de retrouver sa vie d'avant, c'est une certitude, mais la situation sanitaire nous oblige à la raison, à la réorganisation et à l'effort collectif, ce que notre profession, exemplaire de résilience, fait depuis de nombreux mois.
Début janvier, quand la date du 20 n’était plus envisageable, nous avons demandé au Gouvernement un confinement - qui aurait pu nous permettre de récupérer notre retard sur ce virus et d'envisager la réouverture par étapes de nos commerces - nous n'avons pas été entendus.
Aujourd’hui, nous nous retrouvons avec un printemps qui s'installe et des terrasses fermées alors que la population consomme sans retenue dans les parcs, les jardins, ainsi que sur les berges, sans qu’aucune sanction ne soit prise jusque-là, bien que des arrêtés interdisant la consommation sur la voie publique soient en vigueur ou soient en cours de mise en œuvre.
Comment demander à une population autant de sacrifices, autant d'efforts - tant psychologiques que financiers - quand nos élus nous montrent un tel chemin ?
Cette manifestation pour une « vraie loi sur le climat » avait-elle vraiment un « vrai caractère d'urgence absolue » pour ne pas pouvoir se dérouler dans deux mois quand la vaccination aurait commencé à faire son effet et que nos ressortissants auraient pu voir le bout du tunnel ?
Doit-on systématiquement opposer les populations avec ce genre de message et ne pas entendre les cris de ceux qui sont sur le point de tout perdre ?
Les hôpitaux sont sur le point d'imploser, la situation sanitaire dérape, le ministre de l'Intérieur nous rappelle sans relâche les sanctions pour ceux qui auraient bravé la règle de six personnes, et nous assistons, impuissants, à cette démonstration d’égoïsme.
Comment imaginer qu'une municipalité va nous permettre de nous sortir d'une situation aussi complexe alors qu’elle s’affiche, au 2ème jour des mesures sanitaires renforcées dans le Rhône, en tête d’une manifestation de 4 000 personnes, là où la majorité des habitants se prive de lien social de masse et d’événements conviviaux.
D’autre part, quand les terrasses sont les maillons essentiels de la phase 2 du plan national de réouverture de nos affaires - annoncé par le Premier ministre Jean Castex - et quand Emmanuel Macron envisage une réouverture de ces dernières le 15 mai - certaines à Lyon se voient sacrifiées au bénéfice de parcs à trottinettes...
Quel est le message que vous envoyez à une profession qui cherche encore un peu de souffle ? Est-ce le bon timing ?
Quand on voit les images de cette « fête clandestine » des quais de Saône, nous pouvons penser que si vous aviez su nous entendre et nous écouter avant, nous aurions pu, ensemble, trouver des solutions pour fermer ces quais et arrêter la vente d’alcool à emporter.
Nous sommes aujourd’hui stupéfaits et terriblement inquiets par cette série de maladresses d’autant plus que vous aviez mis en avant une « nouvelle manière de faire de la politique ».
Oui, nous avons aujourd’hui besoin d’être rassurés sur vos intentions, car nous avons des enjeux communs essentiels à ne pas rater : la relance de nos activités et les emplois qui vont avec ainsi que la mutation de nos métiers et la responsabilité sociale et économique de ces derniers.
Il faudra que nous soyons à la hauteur de ces deux rendez-vous.
Vous comptez sur nous, nous avons besoin de savoir si nous pouvons compter sur vous.
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