Piet Huysentruyt rayonne ! À bientôt 51 ans, le voici sacré révélation de l'année 2014 par la nouvelle édition du Gault&Millau. Une consécration obtenue loin de chez lui, la Belgique, où ce cuisinier bouillonnant d'idées est une vedette du petit écran depuis plus de dix ans. La drôle d'histoire d'un fils de colons belges installés au Congo. Passionné par la cuisine, il suit une formation dans une école hôtelière, une fois retrouvé le plat pays.
Son parcours le conduit notamment en France dans des brigades prestigieuses où il apprend beaucoup sans pouvoir toutefois donner libre cours à sa créativité. "J'ai ouvert un restaurant à mon nom à Wortegem-Petegem où Michelin m'a attribué une étoile en 1993 et Gault&Millau, 17/20 l'année suivante. Mais la télévision a un peu bousculé ma vie à partir de 1997." Une émission quotidienne de 10 minutes qui l'oblige à prendre un peu ses distances avec les fourneaux. Et lorsqu'il a le coup de foudre pour le sud de l'Ardèche, il n'a qu'une idée en tête : s'y installer.
Changement de décor
Un choix validé par Véronique, son épouse, et les voici qui se posent aux Vans, en 1999. Deux semaines en Belgique pour les enregistrements et deux autres pour vivre en Cévennes. "Mais j'ai eu envie de retourner en cuisine et dans une maison de village que je venais d'acquérir. J'ai créé Le lutin gourmand, un restaurant saisonnier." C'était il y a plus de neuf ans déjà (voir L'Hôtellerie Restauration du 12 août 2004) et les clients étaient presque exclusivement Belges. Façon bistrot-brasserie, le lieu affichait complet les quatre soirs d'ouverture.
En 2006, pourtant, il décide de souffler un peu. La télévision où il anime notamment 'SOS Piet' et l'écriture de livres (27 au total et des ventes qui dépassent les 3 millions d'exemplaires) l'occupent assez. "J'ai d'ailleurs cherché à vendre le restaurant mais en sentant la cinquantaine approcher, j'ai pensé que ce serait bien de boucler la boucle et de finir par là où tout a commencé, c'est-à-dire la gastronomie."
Valoriser l'Ardèche et ses produits
Il a entrepris des travaux, conservé un coin pour finaliser les plats devant les clients dans la salle de 18 couverts, aménagé la cuisine à l'étage avec une table du chef pour cinq personnes. Le lutin gourmand est devenu 'Likoké', le surnom donné à son père au Congo et le 15 juin dernier, le lieu était inauguré. "Mais attention, je ne veux plus d'un restaurant saisonnier pour les Belges mais une table gastronomique ouverte à toutes les clientèles. En fait, je m'inspire de ce qu'a réussi Régis Marcon dans son village." La télévision devrait encore l'y aider. En effet, le chef qui a rejoint la Vier (quatre en flamand), va débuter deux nouvelles émissions. Lui qui s'est découvert diabétique va d'abord proposer d'apprendre à manger bien et bon mais autrement.
"L'équipe de tournage viendra chez moi pour la réalisation mais on ne parlera pas maladie, simplement plaisir de la table. Ensuite, dans le cadre d'une version flamande du Dîner presque parfait, je retravaillerai un plat de chaque candidat et le vainqueur remportera un week-end en Ardèche. Ce sera une bonne façon de montrer cette région et ses produits." Ce qu'il fait au quotidien avec l'aide d'une brigade de six personnes et notamment de Wouter Vandervieren, chef belge qui fut également étoilé, avec lequel il livre de vraies batailles de créations culinaires. Une cuisine inédite, succession de plats précis, très travaillés et raffinés, qui se dégustent dans différents menus, de 70 à 160 €. "Mais vu ce que nous proposons, personne n'a dit que c'était trop cher !"
Publié par Jean BERNARD