Depuis début octobre, le Stück circule à Strasbourg et dans ses
environs. Cette monnaie locale complémentaire vient s'ajouter à la trentaine d'initiatives
qui ont fleuri en France ces dernières années. L'objectif principal consiste à
redynamiser l'économie locale, en favorisant les circuits courts. Les
consommateurs viennent ainsi retirer des billets ou des coupons dans des
comptoirs d'échanges agréés (un Stück ou un Sol-violette, par exemple, équivalent
à un euro) et les utilisent ensuite chez les commerçants et artisans
partenaires.
Tout comme une cinquantaine de commerçants, l'enseigne de restauration
locavore PUR Etc. a immédiatement adhéré au projet de monnaie Stück. "On
est dans un concept de produits locaux, cette idée de monnaie locale était une
évidence. On a accepté pour des raisons éthiques", confie Héloïse
Chalvignac, cofondatrice et directrice générale. L'initiative, tentante sur
le papier, se révèle néanmoins délicate à mettre en place. "On a trois
restaurants à Strasbourg, on a dû former les serveurs, mais le message est dur
à faire passer. Cela complique leur travail. Par exemple, on ne peut pas rendre
la monnaie en euros si on est payé en stücks. On a également mis plusieurs
jours pour paramétrer notre caisse", souligne-t-elle.
Monnaie fondante
Une fois les ajustements effectués, les monnaies locales ressemblent à
un jeu d'enfant, affirme Julien Dussol, à la tête du Vélo sentimental. Ce café-restaurant d'insertion
toulousain a adopté la monnaie locale Sol-Violette depuis quatre ans. Les
paiements en Sols-Violette, qui représentent une infime partie des recettes de
l'établissement (environ 1 000 € par an), sont réinjectés dans les
salaires ou dans le règlement du loyer. "Je fais aussi comptoir d'échange d'euros
en Sols", précise-t-il. D'autres acteurs, eux, préfèrent utiliser les
monnaies locales pour payer leurs fournisseurs.
Mais attention : comme le Stück, le Sol-Violette est une monnaie
fondante. Autrement dit, tous les neuf mois, la valeur des Stücks est dépréciée
de 2 %, afin de doper l'économie circulaire et d'éviter toute
thésaurisation. "Les Sols inutilisés perdant de la valeur au bout de trois
mois, on doit juste changer la date sur les coupons dès qu'il y a une
transaction", note Julien Dussol. Ce dernier point devrait néanmoins être
simplifié d'ici peu : les Sols prendront la forme de cartes à puces,
utilisables sur les terminaux de paiement.
Publié par Violaine BRISSART