L'Hôtellerie Restauration : Quel sera le fil conducteur du congrès ?
Roland Héguy : La relance, après ces dix-huit mois de crise d’une ampleur jamais vécue par notre secteur. Si le Gouvernement parle de “plan de relance” depuis 2020, notre secteur ne peut réellement en parler que maintenant puisque nous n’avons pu rouvrir à la mi-mai cette année. Notre congrès sera donc bien sous le signe de la relance responsable. La relance de nos métiers, des entreprises et du secteur. Et si nous voulons réussir cette relance, chacun doit s’en sentir responsable : le chef d’entreprise, le salarié et l’État, qui a été très présents à nos côtés pendant tous nos mois de fermeture. Mais la relance doit aussi être responsable pour répondre aux transformations économiques, sociétales, numériques et d’attractivité, et celles liées au développement durable.
Ce 69e congrès sera aussi celui de la convivialité et du partage. Celui de 2020 a été annulé et, depuis, les événements sont rares. On sent une vraie impatience de la part de nos élus Umih partout en France à venir pour travailler et partager sur les différentes pratiques pour réussir la relance.
Deux tables rondes sur trois seront consacrées à l'emploi : recrutement, fidélisation. Le thème de l'attractivité de l'emploi est un enjeu majeur... Vous pouvez nous en dire plus ?
On le sait, l’attractivité de nos métiers est l’un des enjeux majeurs de cette sortie de crise, l’autre étant le désendettement et la capacité de nos entreprises à investir. C’est pourquoi la troisième table ronde sera consacrée au plan de relance pour encourager nos entreprises à l’utiliser car elles sont éligibles au financement. Ce plan de relance doit pouvoir maintenir ou élever la qualité de l’offre.
Depuis 2019 et un plan emploi-formation que l’Umih a développé, nous travaillons autour du triptyque attirer, former, garder ou fidéliser. Ce n’est ni plus ni moins un plan pour améliorer l’attractivité de nos métiers.
L’attractivité, ce n’est pas seulement un meilleur salaire, c’est bien plus large que cela. Il faut que nous puissions aborder tous les sujets sans tabou. Nous avons une certitude, si nous voulons mettre fin à la pénurie de main-d’œuvre, les chefs d’entreprise doivent partager la valeur. Pour cela, il est aussi indispensable de diminuer le coût du travail. La loi Pacte permet la mise en place de dispositifs en ce sens (intéressement, plan épargne salarial…).
Nous devons aussi améliorer la conciliation vie privée et vie professionnelle (la gestion des temps de coupure…) et attacher une grande importance à la formation des salariés, notamment l’apprentissage, et mieux réussir la transmission de nos entreprises.
La formation est primordiale aussi pour faire venir dans notre branche les jeunes mais aussi la diversité des profils que notre secteur est capable d’intégrer comme les chômeurs longueur durée. Il faut pouvoir leur proposer des formations courtes et performantes.
Sur ces sujets-là, nous allons accueillir d’autres secteurs et d’autres pays européens qui nous diront comment faire face à la pénurie de main d’œuvre, quelles solutions ont fonctionné. Mais on va aussi entendre nos partenaires pour réussir ces transformations comme Pôle emploi, AKTO et les régions.
Enfin, cette relance ne pourra pas se faire sans l’État et nous devrions avoir recevoir Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, et Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État chargé du tourisme.
Qu’avez-vous prévu d’autre pour ce congrès ?
L’Umih a quatre présidents de branche - hôtellerie, restauration, café- bar- brasserie- monde de la nuit et les saisonniers - qui se réuniront avec leurs élus départementaux pendant une journée entière pour débattre et travailler des dossiers spécifiques à leurs métiers. Beaucoup de sujets sont transversaux et concernent l’hôtelier, restaurateur, traiteur, cafetier, à la tête d’un bowling, d’une discothèque ou d’une thalasso, c’est pourquoi un après-midi sera aussi consacré aux partages des dossiers avec tous les congressistes.
Enfin, à ma demande, chaque branche aura aussi un temps dédié à la présidentielle de 2022 pour définir des mesures prioritaires à porter auprès des candidats.
Comment envisagez-vous l'avenir pour le secteur des CHR ?
La relance responsable passera par une volonté politique de redynamiser l’ensemble du tourisme français en protégeant et développant notre marché intérieur, notamment le tourisme rural, et bien sûr moderniser et promouvoir l’image de la France à l’étranger et auprès des Français. La relance de notre secteur passe impérativement par la reconquête du tourisme.
Publié par Romy CARRERE