Paris
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Ancien patron de la marque Rodier, Samy Marciano applique quelques codes du prêt-à-porter au secteur de l'hôtellerie. Et ça marche. Le succès du Bachaumont et de l'Hôtel National des Arts et Métiers, à Paris, en sont la preuve.
L'Hôtel Bachaumont, à Paris (2e), a vu le jour à la place d'une ancienne clinique.
Tout a commencé dans une rue de Londres. Samy Marciano marche avec l'un de ses
amis. Celui-ci lui montre un immeuble qu'il aimerait acheter pour en faire un
hôtel. Mais il n'a pas suffisamment de mise de fonds. Samy Marciano lui propose
de compléter la somme et c'est comme ça que l'ancien patron de la marque Rodier
fait ses premiers pas dans l'hôtellerie. "C'était il y a dix ans, raconte-t-il. Rien ne me prédisposait à investir dans ce secteur. C'est un pur
hasard." Sauf que l'entrepreneur y prend goût et se prend au jeu. En
sept ans, il va investir dans l'ouverture de six hôtels dans la capitale anglaise,
en sollicitant les designers Anouska Hempel et Ron
Arad. " L'hôtellerie,
dit-il, c'est comme une collection de
prêt-à-porter : on crée une identité, un positionnement. Cent modèles de
vêtements c'est comme cent chambres."
"La création de lieux de vie"
Après
son expérience londonienne, il souhaite réitérer le défi à Paris. "Mais je ne veux pas faire pour faire",
prévient-il. Autrement dit : Samy Marciano doit d'abord être séduit par un site d'exception, avant de s'engager et investir ce qui est nécessaire
pour aller jusqu'au bout d'un projet. La pierre angulaire de chacun de ses
chantiers : "la création de
lieux de vie". Pour lui, un hôtel ne se résume plus à « de longs couloirs et des chambres de chaque
côté ». L'entrepreneur parle non seulement de bar, restaurant, rooftop, mais aussi de modernité et d'innovation. Tout ce qui fait l'ADN des deux établissements qu'il a
ouverts à Paris, respectivement en 2015 et 2017 : à savoir l'Hôtel
Bachaumont, dans le quartier Montorgueil (IIe), et l'Hôtel National des Arts et
Métiers, dans le Haut Marais (IIIe). Le premier a été pensé et conçu avec la
complicité de la designer Dorothée
Meilichzon et de l'Experimental Group pour l'espace restauration et le bar.
Le second, avec le designer Raphaël
Navot, l'architecte-ingénieur Daniel Vaniche, mais aussi, pour l'offre de restauration, avec Julien Cohen et le duo formé par Jean-Pierre Lopes et ThomasDelafon.
"Au départ
d'un projet, on définit le profil de clientèle que l'on souhaite attirer et
l'on crée le lieu qui va lui plaire. Je ne crois pas du tout à l'idée du
concept que l'on peut dupliquer", explique Samy Marciano. Pour ses deux
établissements parisiens, qu'il a désormais réunis au sein de la Clé Group, il
a ciblé une clientèle trendy, branchée, urbaine, sensible à "un hôtel qui a une âme et un langage". "D'emblée, j'ai voulu m'adresser aux milieux de la mode, du design
et de la communication. Car ce sont eux qui font bouger les villes."Et
la recette fonctionne : "Un an
après son ouverture, l'Hôtel National des Arts et Métiers affiche un excellent
taux d'occupation et 73 % des ventes se font en direct. Les Online Tourism Agencies (OTA) ne représentent
que 27 % des réservations", précise Samy Marciano.
"Les membres du
personnel s'habillent comme ils veulent"
Seul
bémol à cette réussite : le recrutement. Car Samy Marciano recherche à la
fois des professionnels de l'hôtellerie et des personnalités. Un "anticonformisme" pas si simple à dénicher. "Dans nos hôtels, pas de
costume-cravate, dit-il. Les membres
du personnel s'habillent comme ils veulent. Chacun vient avec son style, son
look, ses tatouages, sa façon d'être..." Samy Marciano casse les
codes. L'autodidacte – "je n'ai que
mon bac", confie-t-il - fonctionne à l'instinct et aux rencontres. "Je reçois et j'écoute tout le monde. Je ne
ferme la porte à personne. Mais la décision finale, c'est toujours moi qui la
prend."