"C'est une reconversion professionnelle qui nous a conduits vers
l'hôtellerie. J'étais directrice du contentieux dans une entreprise et Alban,
mon mari, était consultant. Pendant quinze ans, on ne se voyait que le week-end.
Lorsqu'on a voulu changer de vie, nous avons eu le projet d'acheter un hôtel à
Marseille", se souvient Dominique Gérardin. C'était en 2003. Le couple, passionné d'architecture, possédait
déjà la Maison Castel, inscrite au titre des
monuments historiques : "Mais la
bâtisse ne compte que trois chambres et c'était insuffisant pour en vivre",
explique-t-elle.
Un agent immobilier, "auteur d'un mémoire sur l'architecte Gaston Castel", leur
propose alors de faire l'acquisition de l'hôtel-restaurant niché au troisième étage de
la Cité radieuse, une résidence édifiée face à la mer entre 1947 et 1952 par Le
Corbusier, et classée monument historique. Les Gérardin n'hésitent pas une
seconde et se lancent dans l'aventure.
"Sous
la poussière, on a découvert un bijou"
"À notre
arrivée dans cet hôtel de 21 chambres, les réservations se faisaient encore sur
un agenda Quo Vadis", se souvient Dominique Gérardin. Autrement
dit : rénovations et modernisation du fonctionnement de l'établissement
s'imposaient. "Sous la poussière,
on a découvert un bijou, poursuit-elle. Notre objectif était de faire
revivre ce lieu, tout en retrouvant
esprit et lustre d'antan."
Les deux premières années d'exploitation
ont été consacrées à redonner à l'hôtel les critères d'un établissement 2
étoiles. Puis, les deux années suivantes ont été dédiées à la décoration :
chambres, restaurant et réception, tout a été repensé, "en évitant le clinquant sans âme et la
reproduction made in China". "Nous avons réintégré des meubles
et luminaires, originaux ou reproduits avec l'autorisation du Corbusier et de
Charlotte Perriand, ainsi que des pièces chinées dans des brocantes ou créées
sur mesure", détaille Dominique Gérardin.
Un travail de fourmi qui a valu
au couple de faire l'objet de la dernière page de Libération, en août 2007. Quant au restaurant Le ventre de
l'architecte, il se distingue désormais par une terrasse avec vue sur
les îles du Frioul, une décoration où se côtoient tables Charlotte Perriand,
lampes Laroche de Le Corbusier et Pipistrelle d'Aulenti, mais aussi par la cuisine concoctée par Jérôme
Caprin.
"On fait tout pour chouchouter nos
clients"
"Nous devons faire face aux conflits
inhérents à tout commerce situé au sein d'un immeuble d'habitation, dont ceux
liés aux nuisances sonores", souligne encore Dominique Gérardin. À
cela s'ajoutent "les 17 appartements
Airbnb qui ont fait leur apparition dans la Cité radieuse". Une
concurrence qui n'était pas prévue. Résultat : "J'ai mis l'hôtel Le Corbusier sur Airbnb, où j'apparais en tant que
professionnel."
Autre riposte : l'hôtel fait bénéficier
ses clients des structures imaginées par Le Corbusier, tels qu'une salle de cinéma au 5e
étage ou une piscine découverte pour les enfants au 9e. "On fait tout pour chouchouter nos
clients", souligne Dominique Gérardin, qui positionne son
établissement comme "un hôtel
d'hôtes".
"Nous avons
beaucoup d'empathie avec la clientèle. Certains habitués sont même devenus des
amis." Car tout est pensé pour que chaque séjour soit "une échappée belle", "même pour un Marseillais qui voudrait
décrocher de son quotidien". Enfin, la propriétaire incite à réserver
directement sur le site de son hôtel : "Les tarifs sont 10% moins chers que sur Booking.com."
lundi 23 octobre 2017