“Aujourd’hui, les RevPAR sont revenus à des niveaux soit égaux, soit supérieurs à ceux que les établissements connaissaient avant la crise sanitaire”, se réjouit Stéphane Botz, associé et directeur national KPMG Hospitality, lors de la présentation de l’étude annuelle portant sur l’industrie hôtelière en France. La forte clientèle domestique et le retour de la clientèle étrangère et long courrier, plus rapide qu’espéré, ont permis d’augmenter les prix moyens, comme à Paris où ceux-ci ont atteint + 35 % cet été par rapport à 2019.
Ces forts prix moyens conjugués à de bons taux d’occupation permettent d’atteindre les niveaux de résultat bruts d’exploitation de 2018 et 2019, connues comme de très bonnes années. Cette performance s’explique, selon Stéphane Bolz, par deux phénomènes : tout d’abord, même s’ils ont augmenté les salaires et amélioré les conditions de travail, les hôteliers n’ont pas pu recruter autant de personnel qu’ils l’auraient souhaité. Par conséquent, la répercussion sur la masse salariale ne s’est pas encore produite, alors que les professionnels sont parvenus, globalement, à ouvrir la quasi-totalité de leurs chambres.
De plus, la renégociation sur les coûts de l’énergie - une préoccupation majeure pour les professionnels - est actuellement en cours, donc n’obère pas encore les comptes d’exploitation des hôtels. En 2023 en revanche, s’il n’y pas d’aides de l’État, les effets seront très forts sur les résultats, puisque l’énergie pourrait coûter entre deux à cinq fois plus cher. Les hôteliers devront être vigilants et mobilisés sur cette question.
Une fin d’année qui s’annonce bien, malgré une prudence de mise
En matière de fréquentation, si les clientèles étrangères sont progressivement revenues sur tout le territoire, l’enjeu se place désormais, selon Stéphane Bolz, sur la qualité de la clientèle recherchée. L’hôtellerie de luxe évolue, portée par le slow tourisme, privilégiant la simplicité et l’expérimentation, plus que la recherche d’espace. Le consultant insiste aussi sur la tendance actuelle des circuits courts dans l’hôtellerie, en raison de la pratique du télétravail qui reste forte pour certaines catégories de salariés et favorise les week-ends prolongés.
Les mois à venir seront cruciaux, à plusieurs titres, pour le secteur. La situation géopolitique instable oblige tout d'abord à la prudence : “Il faut laisser passer l’hiver et nous verrons ensuite”, affirme Stéphane Bolz. Toutefois, la forte clientèle domestique et la recherche de lieux sûrs par la clientèle étrangère pourraient être bénéfiques pour la destination France.
Autre sujet de préoccupation, la hausse des taux d’intérêt oblige les investisseurs à repenser le coût de leurs investissements et à reprendre des hôtels existants plutôt que d’aller vers des projets neufs, plus risqués. Toutefois, cela n’a pas empêché de nombreuses transactions d’avoir lieu ces derniers mois, malgré la réticence des banques.
Enfin, KPMG note l’appétence récente des investisseurs vers le résidentiel géré (comprenant une offre de services) pour les moyens et longs séjours, en réponse au durcissement de la législation encadrant les locations de meublés touristiques. “Cette tendance va venir bousculer le marché, notamment du côté des résidences de tourisme”, prédit l’expert.
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Publié par Roselyne DOUILLET