Jeune femme, Nelly Rolland n'avait qu'une idée en tête : "Je voulais être à mon compte à Paris." En 1991, elle intègre l'école hôtelière de Lausanne, et en ressort avec un BTS de comptabilité et de gestion des entreprises en poche. En 1995, avec l'aide de son père, industriel dans l'agroalimentaire, elle rachète pour 6,5 MF (soit un million d'euros) Le Gavarni, un hôtel de 30 chambres classé 2 étoiles et situé dans le XVIe arrondissement de Paris. "À l'époque, on rachetait encore les fonds à environ 2,5 fois le chiffre d'affaires à Paris. Aujourd'hui, on est plutôt sur des multiples de 6 à 7", confie-t-elle.
La jeune femme de 23 ans fait alors des miracles. "J'ai doublé le chiffre d'affaires en un an, tout en étant seule à gérer l'établissement. Je travaillais sept jours sur sept et j'avais même une chambre dans l'hôtel" se remémore-t-elle. En avril 1999, la famille rachète La Résidence Foch et revend le Gavarni, pour permettre à son frère, Lionel, de travailler avec elle. Il ne restera finalement qu'un an, et c'est elle qui, pendant dix ans, va gérer seule cet hôtel 3 étoiles de 25 chambres. Là encore, les résultats ne se font pas attendre. "En quelques années, nous étions n° 1 sur Tripadvisor", s'enorgueillit Nelly Rolland.
Les choses s'accélèrent en 2010. Après la vente de la société familiale, la famille Rolland décide d'investir dans l'hôtellerie parisienne. "Nous avons racheté Le Galileo et La Manufacture en 2011, puis le Terminus gare de Lyon et l'Eiffel Turenne en 2012." La famille investit à chaque fois avec 50 % de fonds propres. "L'idée était de racheter des fonds à fort potentiel pour assurer une vraie culbute du chiffre d'affaires avant et après travaux. C'est ce que nous avons fait avec l'hôtel Eiffel Turenne, dont le chiffre d'affaires a doublé depuis sa reprise."
Assurer la cohérence
La synergie du réseau ne peut jouer que si les hôtels sont tous au même niveau. Nelly Rolland se fixe un calendrier serré pour la rénovation de tous ses hôtels : assurer la fin des travaux de l'Ekta, le nouvel hôtel de la collection créé dans un immeuble de bureaux, rénover l'Eiffel Turenne fin 2015, puis engager les travaux du Terminus. Pour la décoration, Nelly Rolland s'appuie sur de jeunes talents, comme Natasha Stojkovic au Galileo, ou des signatures confirmées (Jean-Philippe Nuel à l'Etka, Françoise Morel pour la Résidence Foch). "Notre équipe est maintenant structurée pour assurer un développement harmonieux : Lionel, qui m'a rejoint en 2014, s'occupe du développement, du contrôle de gestion et de la comptabilité, je m'occupe de l'exploitation, et nous avons recruté un expert-comptable et un yield manager." En revanche, pas de folie des grandeurs : "Nous sommes et nous resterons en catégorie 3 étoiles." L'entreprise familiale compte s'étendre "à raison d'un hôtel par an, si nous en avons les moyens."
Publié par Catherine AVIGNON