Alors que depuis huit ans la Fédération nationale des plages restaurant (FNPR) oeuvre pour obtenir une adaptation du décret plage, certaines communes dont la délégation de service public des concessions de plages arrive à échéance mettent en application la loi.
C'est le cas à Antibes-Juan-Les-Pins (06). "L'application du décret plage va entrainer la démolition de dix plages cet hiver. Sur les 22 existantes, il n'en restera plus que douze dans les deux ans à venir", explique Henri Mathey, président de l'Umih Antibes. Alain Palamiti, président du Syndicat des plages d'Antibes-Juan-les-Pins et lui-même gérant de la Plage Les Pirates, dénonce l'absurdité de la situation : "Rien qu'à Juan-Les-Pins, ce sont 450 emplois directs qui vont disparaître. Dans le marasme économique actuel, c'est une aberration de détruire des entreprises qui fonctionnent."
Un décret inadapté
L'Umih conteste également les conditions d'attribution des appels d'offres qui, avec l'application du décret, se sont durcies : "On demande aux plagistes de démolir à leurs frais, soit un coût de 80 à 100 000 € par établissement, puis de reconstruire en démontable selon un type imposé qui leur coûtera autour de 600 000 €. Enfin, il faudra amortir ce coût en onze ans puisque la mairie d'Antibes prévoit des travaux le long du littoral qui entraîneront une impossibilité d'exploiter les établissements pendant dix-huit mois", détaille Henri Mathey.
L'Umih Antibes a d'ailleurs déposé un recours administratif sur la délibération municipale et la délégation de service public. "Nous reprochons à la mairie la prise de décisions sans aucune concertation. Nous demandons seulement une reconduction d'un an de la concession pour que nous les plagistes, hôteliers, restaurateurs et commerçants, puissions faire des propositions, en attendant aussi de savoir ce qu'il va advenir du décret plage."
À Golfe-Juan (06), se sont des plages emblématiques, comme notamment Tétou et Nénou, qui sont menacées de destruction sans reconstruction. La préfecture vient d'accorder un sursis d'un an pour les plages du Soleil, mais la situation n'est pas réglée pour autant.
Une économie régionale menacée
"Nous ne sommes pas contre le décret, rappelle René Colomban, nous demandons à ce qu'il soit adapté au contexte économique actuel ! Il n'y a pas d'urgence à l'appliquer à Antibes ou à Golfe-Juan alors que nous avons entamé des discussions avec le Gouvernement. Le développement du tourisme et la création d'emplois ont été définis comme axes prioritaires du Gouvernement, c'est incohérent de prendre des mesures inverses."
Après huit années de discussions et de consensus avec les élus, la FNPR, l'Association nationale des élus du littoral (Anel) et l'Umih ont obtenu du secrétaire d'État chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, la mise en place d'un groupe de travail. "C'est une grosse avancée, explique maître Geneviève Rebufat, conseil juridique de la FNPR. Cette rencontre a été actée par courrier cet été et nous espérons qu'Alain Vidalies va reprendre le dossier aussi sérieusement que son prédécesseur pour enfin régler ce problème qui dure depuis trop longtemps."
Publié par Marie TABACCHI