Dans son projet de loi pour la croissance et l'activité, Emmanuel Macron plaide pour l'extension du nombre d'ouvertures des commerces le dimanche, qui passerait de cinq à douze. Le sujet a immédiatement donné lieu à un débat sulfureux, où l'on a pris à témoin l'emploi, le tourisme, l'équilibre des familles et autres raisons d'État. Le sacro-saint repos dominical tombant sous le joug d'une hypothétique relance pour les uns, étant une opportunité de croissance impérative pour les autres... Quid de la réalité ? La mesure est-elle à ce point révolutionnaire ? Va-t-elle à l'encontre de toute morale sociale ?
Dans le secteur de l'hôtellerie-restauration, des cafés, le travail dominical fait partie du paysage professionnel. Même chose dans bien d'autres secteurs et petits commerces qui ne font que s'adapter à la demande. Dans les textes, on parle alors de "contraintes de productions ou de besoins du public". L'extension d'ouverture voulue par le ministre de l'Économie s'inscrit dans cet esprit, qu'on le veuille ou non. "Ce n'est pas une loi sur les professions réglementées ou le travail du dimanche. C'est une loi qui s'attache à lever de manière pragmatique les obstacles identifiés dans une multiplicité de secteurs pour libérer le potentiel inexploité de croissance et d'activité", peut-on lire en introduction du projet.
Pour les professionnels du tourisme, voir les touristes étrangers quitter la capitale en fin de semaine pour faire leurs emplettes le dimanche à Londres est une hérésie de longue date. Et dans la mondialisation touristique tant attendue, le détail n'est pas anodin. Effectivement, décrisper le commerce s'impose, si bon sens et nécessité économique font loi.
Dans cette discussion, un autre aspect apparaît : pourquoi s'indigne-t-on de voir les salariés des grandes surfaces travailler le dimanche et pas ceux de l'hôtellerie-restauration par exemple ? Y aurait-il deux poids, deux mesures ? Dans un autre domaine, le 15 décembre, les chauffeurs de taxi ont manifesté contre l'offre payante de transport entre particuliers UberPOP, criant à la concurrence déloyale. Et ils ont obtenu du Gouvernement son interdiction sur le sol français. Les hôteliers et les restaurateurs, qui eux aussi crient à la concurrence déloyale contre les pratiques de certains sites, n'obtiennent pas de mesure aussi radicale. Deux poids, deux mesures ?
Publié par Sylvie SOUBES