L’Hôtellerie Restauration : Vous avez été réélu pour un nouveau mandat de trois en tant que président du groupe Logis Hôtels. Quelles sont les chantiers prioritaires ?
Fabrice Galland : Le premier chantier c’est celui de la responsabilité sociétale et environnementale (RSE). Nous devons accompagner nos hôteliers dans cette transition écologique et sociétale, d’autant plus que pour nos clients, ça va être prioritaire dans le choix de leur hôtel. Grâce à notre engagement, nous sommes la seule chaîne hôtelière à être éligible au fonds tourisme durable de l’Ademe, et ça concerne 1 600 hôtels du réseau. Grâce à ce fonds, nos membres peuvent entamer des travaux de rénovation plus ou moins importants, que ce soit pour changer des fenêtres ou installer une bâche de piscine, remplacer des ampoules par des LED, etc. Nous insistons également sur l’installation de bornes électriques pour les véhicules rechargeables [l’État propose une aide valable jusqu’à la fin de l’année 2021, NDLR]. Nous souhaitons devenir le premier réseau d’indépendants équipé de bornes électriques. Au-delà de ces investissements, nous continuons à favoriser, par exemple, les circuits-courts dans la restauration.
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Autre chantier prioritaire, l’avenir du tourisme rural. Logis Hôtels est clairement identifié comme l’acteur du tourisme rural en France. Donc nous souhaitons contribuer et aider pour favoriser le retour à la ruralité. Il est important de revaloriser les territoires et de favoriser le retour à la campagne.
Enfin, pour Logis Hôtels, il est important de viser d’autres marchés pour se développer, en plus d’attirer de nouveaux indépendants en France. Le Québec est en ce moment notre priorité. Nous avons de vraies valeurs partagées avec cette région. Le but de Logis c’est de fédérer le maximum d’hôtels indépendants.
Logis Hôtels a reconduit son partenariat avec le Tour de France pour deux ans. Qu’est-ce que cela vous apporte ?
Ce partenariat est comme une évidence. Nous avons des valeurs communes qui sont l’humain, la performance et la générosité. Participer à cette épreuve sportive a amélioré notre notoriété, et a rajeuni notre clientèle. On a eu énormément de retombées dans la presse, aussi bien internationale que nationale. Nous venons de signer pour deux années de plus pour continuer à consolider ce que l’on a initié. C’est aussi pour apporter à nos hôtels logis la clientèle la plus directe possible. Cela génère un chiffre d’affaires supplémentaires pendant la course, puisque nous avons un partenariat avec l’organisateur, notamment pour loger le maximum d’équipes, mais aussi après avec l’accueil de passionnés de cyclisme.
Logis Hôtels se développe dans le coworking. Quelles sont les retombées attendues ?
Nous souhaitons devenir d’ici 2023 le premier réseau de coworking en Europe. Le but, c’est de donner de la visibilité aux hôtels, leur permettre de développer un autre chiffre d’affaires, d’accueillir un autre type de clientèle qui revienne ensuite.
Aujourd’hui, nous avons 60 hôtels tests, avec un cahier des charges bien défini. Nous avons signé un partenariat avec Gowork and Co. Il faut que nous embarquions la majorité de nos hôtels sur cet objectif. La crise a démontré qu’il y avait vraiment un besoin d’espaces de travail. On le faisait déjà gratuitement, mais là on développe une offre plus professionnelle, avec un espace dédié et un wifi de qualité.
Quelles ont été les principales difficultés rencontrées par les hôteliers pendant la crise ? Et quelles ont été les réponses du groupe ?
Au-delà de l’aspect financier, l’une des principales difficultés du secteur c’était le service en chambre. On a des hôtels qui n’étaient pas structurés. La Suisse avait rouvert ses restaurants pour les clients seuls des hôtels. Et nous non. On n’est pas équipé pour faire du room service tous les jours, et pour tous les repas. Mais les chefs ont montré une grande adaptabilité, notamment en développant pour certains une offre de vente à emporter, chose qui n’existait pas dans le groupe avant.
De son côté, le groupe Logis Hôtels, dès le début de la crise, a eu une mesure de soutien à hauteur de 3,5 M€ d’aide via la suppression des commissions sur les réservations ou encore via des économies sur la cotisation. Nous avons en parallèle développé des mesures d’accompagnement via des guides hygiène. En tant que président du groupe, j’ai également pu assister à des réunions hebdomadaires avec Jean-Baptiste Lemoyne [secrétaire d’État chargé du Tourisme, NDLR], les organisations professionnelles… Nous avons en permanence demandé des mesures d’aides et de soutien, relayées par les syndicats. C’est grâce à tout cela que nous avons pu raccrocher le dispositif d’aides.
Au niveau du siège et du terrain, nous avons eu des équipes en activité partielle, mais on n’a jamais coupé le lien avec les hôteliers. Il était important de continuer notre travail de soutien tout en essayant de maintenir un équilibre financier, et en poursuivant nos investissements. En 2021, nous avons notamment lancé une plateforme de recrutement, incité les équipes à se former, fait entrer de nouveaux fournisseurs, opéré la refonte de notre site pour un parcours client plus performant... Il était important de ne pas cesser nos investissements, ce n’est pas en période de crise qu’il faut arrêter d’investir. Nous nous devons de continuer à offrir à nos clients les outils dont ils ont besoin.
Logis Hôtels est le premier employeur hôtelier de France… Vous recrutez notamment beaucoup à travers les contrats de professionnalisation. Qu’est-ce que vous souhaitez pour l’emploi à court ou moyen terme ?
L’emploi est vraiment le sujet du moment. La question c’est comment donner envie aux jeunes de rejoindre notre profession ? Il y a un sujet que je porte, c’est la revalorisation de la profession. On a une réelle désaffection sur les métiers de service, car il n’y a plus de reconnaissance, notamment avec la perte des pourboires. L’État doit nous aider à la défiscalisation des pourboires, par exemple, notamment quand ils sont laissés par carte bancaire. Le pourboire doit redevenir l’un des fondamentaux de nos métiers de service, mais pour cela nous avons besoin d’une aide fiscale. Autre point important aussi, nous aider à loger le personnel saisonnier. Même si certaines mairies commencent à faciliter le logement, cela reste un vrai problème, en particulier sur la côte d’Azur ou la côte Aquitaine.
On dit souvent que notre profession est un formidable ascenseur social, et c’est vrai, mais cela demande beaucoup de sacrifices et d’investissement. Et on constate finalement trop peu de retour sur investissement, ce qui en décourage beaucoup. Au niveau de l’apprentissage, par exemple, nous sommes bien aidés par l’État, nous sommes soutenus financièrement, mais on manque de candidats. L’emploi, c’est l’enjeu de demain. La profession se remet en cause, évolue… Nous sommes face au mur, c’est maintenant qu’il faut bouger.
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Publié par Romy CARRERE
mercredi 30 juin 2021