“Une année de tous les records” : avec des prix en hausse de 10 % sur l’année par rapport à 2022, un revenu par chambre (RevPAR) à + 15 % (+ 25 % par rapport à 2019) et un taux d’occupation affichant + 2,5 points pour atteindre 67 % toutes catégories confondues, l’hôtellerie française se porte bien en 2023, affirment Alliance France du tourisme, think tank qui regroupe les plus grandes entreprises du secteur, et MKG Consulting, dans une étude publiée le 10 janvier.
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Les établissements des catégories supérieures ont le plus profité de l’embellie des prix, ce qui permet de compenser une occupation stable par rapport à 2022 (+ 0,8 point) mais encore en retrait par rapport à 2019 (-4,7 points).
Dans le luxe, les prix moyens ont augmenté de 9,6 % par rapport à 2022 (+ 48 % par rapport à 2019) et dans le haut de gamme, de 9,8 % (+ 27,4 % par rapport à 2019).
“Il faut se réjouir de ces résultats mais l’augmentation des prix ne va pas continuer sur ce rythme-là, prédit toutefois Dominique Marcel, président de l’Alliance France Tourisme. “Nous allons entrer dans une phase de normalisation progressive”, poursuit Vanguelis Panayotis, PDG de MKG Consulting. -
Ces bons résultats se rencontrent dans toutes les destinations, avec des progressions plus fortes de RevPAR en Auvergne Rhône-Alpes, dans le Sud et en Île-de-France. Seules la Bretagne et la Manche sont en léger recul. Les régions ont également profité d’une saison plus longue grâce notamment aux températures clémentes, les clients qui le pouvaient ayant décalé leur séjour pour profiter de tarifs plus avantageux et d’une moindre fréquentation.
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Une forte fréquentation a été enregistrée en montagne pour les vacances de Noël, principalement dans les Alpes du Nord (92 % de TO) et du Sud (78,8 % ) et dans les Pyrénées (82,7 %). Pour la suite de la saison d’hiver, le niveau des réservations est très encourageant.
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Toutefois, ces bons chiffres doivent être corrélés avec le contexte inflationniste, soulignent MKG et Alliance France Tourisme. Si le RevPAR a augmenté de 24,6 % par rapport à 2019, l’inflation a atteint elle 17,3 % pendant cette période, les coûts de personnel ont crû de 12,6 %, l'électricité de 18 % et le gaz de 16 %. Ces hausses cumulées ont un fort impact dans les marges dégagées par les hôtels, qui doivent en outre continuer à investir pour rester aux normes et répondre aux attentes des clients.
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Des perspectives solides pour les Jeux olympiques, malgré certains allotements de chambres qui ont été partiellement rétrocédés sans frais aux hôtels en fin d’année. L’état des réservations est très encourageant, notamment à Paris, atteignant près de 60 % à six mois de la compétition. “A Paris, il y aura forcément une concurrence et les prix seront forcément élevés. Ce seront de bons JO pour les hôteliers, mais ils auront un effet trompeur sur le territoire, avec de grandes disparités dans les autres régions”, prévient Vanguelis Panayotis.
Il faut rester toutefois vigilants quant à l’avenir, alerte Dominique Marcel: “Il ne faut pas nous reposer sur nos lauriers. Nous avons un très beau capital touristique mais nous devons l'entretenir car le tourisme n’est pas une rente”, évoquant la concurrence de l’Espagne et de l’Italie, qui menacent la France tant en matière de compétitivité que de leadership. Et de demander : “À moyen et long terme, face aux défis qui sont devant nous (concurrence, transition énergétique, tourisme durable...), il est plus que jamais nécessaire de développer une stratégie nationale pour maintenir et accroître notre compétitivité touristique.”
Publié par Roselyne DOUILLET