Adrien Gloaguen, hôtelier à la tête de plusieurs établissements à Paris (Panache, Bienvenue, Les Deux Gares, Beaurepaire, etc.) se réjouit des Jeux olympiques à venir, mais émet quelques réserves. Sur ses huit adresses parisiennes, certains hôtels affichent d’ores et déjà complet. “En revanche, trois ne font pas le plein. Je ne l’explique pas, il n’y a pas de raison apparente”, constate-t-il. Ce professionnel de l’hébergement s’attend à des pics de fréquentation, même si l’événement est restreint à trois semaines. “Les JO vont se dérouler en partie durant le mois d’août où, traditionnellement, l’hôtellerie parisienne tourne à vide”, explique l’hôtelier. Ce dernier a choisi d’augmenter ses tarifications afin de rentabiliser ce rendez-vous incontournable : “Ce n’est pas délirant. Le prix moyen de mes chambres va passer de 200 € à 300 €, soit une hausse de 50 %.”
Il peut compter sur un staff fidèle et ne devrait donc pas souffrir d’un manque de main-d’œuvre durant ces Jeux. Il est davantage inquiet pour trois unités (deux hôtels du XVIIe et une adresse dans le VIIIe) situées dans des rues où la circulation sera interdite. Une contrainte majeure pour l’approvisionnement des produits et du linge. “Nous ne serons livrés que deux fois par semaine, la nuit… C’est beaucoup d’organisation, d’autant plus que nos capacités de stockage n’ont pas augmenté”, regrette Adrien Gloaguen.
Une inquiétude que partage Didier Desert, Maître restaurateur à la tête de L’Ambassade d’Auvergne (Paris, IIIe). “Nous n’avons pas vraiment d’informations, déplore-t-il. Par exemple, je ne sais pas si je vais pouvoir servir de la glace ou pas. Si on me livre à 3 heures du matin, elle aura fondu avant d’atteindre le frigo… Assurer des livraisons au beau milieu de la nuit suppose de donner les clefs du restaurant aux livreurs, cela me semble compliqué.” Là encore, même si Didier Desert souhaitait s’organiser en amont, sa chambre froide ne peut pas accueillir plus de produits qu’elle n’en contient déjà. Du côté des animations, le restaurateur souhaite s’inscrire dans une démarche festive en proposant des plats du monde à l’image internationale de ces JO. “Nous allons mettre à l’honneur les États-Unis, l’Afrique, l’Asie…”, énumère-t-il.
“Une occasion unique”
Si Didier Desert n’a pas prévu d’augmenter les prix des menus, il entend ouvrir sa terrasse toute la journée et parie ainsi sur la limonade pour booster son chiffre d’affaires. Néanmoins, certains tarifs seront ajustés pour répondre aux coûts supplémentaires engendrés. “L’idée, ce n’est pas de traire les visiteurs”, affirme Didier Desert. Malgré tout, le restaurateur se dit enthousiaste à l’idée d’une “supposée plus forte fréquentation” cet été. Il s’est d’ailleurs concerté avec ses équipes afin de figer les périodes de congés et d’être sur le pied de guerre en août prochain. Objectif ? Être en mesure, avec ses 12 salariés, d’accueillir la masse de visiteurs promise par les promoteurs de l’événement. Le restaurateur mise sur l’emplacement central de L’Ambassade d’Auvergne pour capter la clientèle. “Nous comptons là-dessus après un début d’année compliqué ; c’est une occasion unique et il faut transformer l’essai”, estime Didier Desert.
Plus au nord, en Seine-Saint-Denis, Sophie Dunaut exploite l’Aéro Hôtel, au Blanc-Mesnil. L’hôtelière se dit sceptique et pronostique de faibles retombées. “Nous avons peu de demandes pour les JO et il reste des chambres”, constate-t-elle. Sophie Dunaut, qui a multiplié par deux le prix de ses chambres, regrette quant à elle que la banlieue ne tire pas suffisamment les marrons du feu. La gérante déplore des réservations pour une nuit seulement, et non pour des séjours plus longs comme on aurait pu s’y attendre dans le cadre des Jeux olympiques.
Publié par Mickaël ROLLAND