La France a beau être la première puissance agricole européenne avec 17 % de la production du Vieux Continent, sa souveraineté alimentaire se trouve menacée. Les importations ont quasiment doublé en vingt ans : aujourd’hui, un produit alimentaire sur cinq en moyenne provient de l’étranger. Les importations de fruits et légumes couvrent un tiers des besoins des Français, selon FranceAgriMer. Un poulet sur deux est importé. La chute de la collecte laitière inquiète les industriels du secteur : le pays aux 1 500 fromages pourrait ne plus couvrir ses besoins dès 2027, pointe la Fédération des industries laitières. La surface consacrée à l’agriculture, quant à elle, a reculé de 17 % depuis 1961. Une situation due à de multiples facteurs. Pêle-mêle : une certaine spécialisation de l’agriculture française, le changement climatique, les problèmes sanitaires, le coût de la main-d’œuvre, du matériel, de l’énergie ou des intrants, la forte concurrence étrangère…
“Arrêtons de manger du mouton de Nouvelle-Zélande”
Selon les sondages, une large majorité de Français soutient le mouvement de protestation des agriculteurs. “Je fais un appel aux Françaises et aux Français. Arrêtons de manger de la viande importée. Arrêtons de manger du mouton de Nouvelle-Zélande, mangeons de l’agneau de France”, a déclaré Carole Delga, présidente PS de la région Occitanie, jeudi 25 janvier, alors qu’elle était l’invitée d’Adrien Gindre sur TF1. La consommation de produits issus de cultures de l’Hexagone, le locavorisme (consommer des produits en provenance de 250 km maximum de chez soi) et les circuits courts (mode de vente avec, au maximum, un seul intermédiaire entre le producteur et le consommateur) font partie des solutions permettant de protéger le modèle agricole français.
“Faire de belles économies”
Sur les 400 000 exploitations présentes en France, un quart proposerait des ventes en circuit court : points de vente directe, marchés de producteurs, AMAP, La ruche qui dit oui, magasins de producteurs, offres en ligne... Plus rémunératrice pour l’agriculteur qui se passe d’intermédiaire, et potentiellement plus vertueuse pour l’environnement, la vente directe a pris son envol pendant la crise du Covid. Elle serait également plus résistante à l’inflation, en raison notamment d’une utilisation d’intrants et de pétrole réduite. Alain Fontaine, Maître restaurateur à la tête du bistrot parisien Le Mesturet, témoigne : “Les circuits courts, c’est une façon de soutenir les territoires voisins, mais aussi de faire de belles économies au niveau de ses achats”. Le circuit court, un concept gagnant-gagnant pour les agriculteurs et les restaurateurs ?
Publié par Violaine BRISSART