En seulement vingt ans, le marché bio a été multiplié par 13 dans l’Hexagone pour atteindre 13 milliards d’euros de chiffres d’affaires en 2020. Aujourd’hui, plus de 9 Français sur 10 sont consommateurs de bio. Mais qu’en sera-t-il en 2041, et quels seront ces consommateurs ?
En 2041, la population se composera en majorité de retraités, de jeunes et de chômeurs. Or, “ce sont ces inactifs qui consomment le moins de bio”, alerte Cécile Désaunay, directrice d’études à Futuribles. L’exigence des consommateurs ira crescendo. “Dans vingt ans, le mot d’ordre sera irréprochabilité”, assure l’experte. Les produits et les fournisseurs seront passés au crible sur les chapitres de la santé, de l’environnement, du bien-être animal ou encore de l’éthique. Les consommateurs “seront de plus en plus informés, mais pas forcément mieux informés”, poursuit-elle. Autrement dit, en quête de réassurance, les consommateurs ne risquent-ils pas de se tourner vers “des produits plus simples”, “sans superflu, sans viande”, “sans emballages”, “sans intermédiaire”, mais “pas sans plaisir” ?
Le consommateur moyen cèdera la place à quatre profils très diversifiés : les “réfractaires au changement qui veulent continuer à consommer comme aujourd’hui, qui vont donner la priorité au plaisir, à l’immédiateté”, “les contraints qui aimeraient dépenser plus dans leur alimentation mais n’en ont pas les moyens”, “les consommateurs responsables” et les “sobres, qui donnent la priorité au moins, mais mieux”.
70 % des aliments pourraient être bio en 2050
Selon l’experte, le bio peut avoir de beaux jours devant lui, avec un élargissement des produits consommés et une augmentation de la fréquence de consommation. D’après l’Ademe (l'Agence de la transition écologique), 70 % des aliments consommés en France pourraient être bio en 2050. Pour cela, différents leviers pourraient être activés : la volonté de consommer mieux, une offre qui se démocratise, le volet réglementaire, la baisse de la TVA sur les produits bio, des chèques alimentation…
Mais un scénario moins optimiste peut aussi être envisagé. Le bio devra peut-être monter en gamme pour satisfaire des consommateurs de plus en plus exigeants. Il sera peut-être détrôné par d’autres critères déterminants, comme le choix de produits locaux. Les consommateurs contraints seront peut-être de plus en plus nombreux. Enfin, si les prix des produits alimentaires augmentent de manière générale, le bio sera pénalisé. Autant d’incertitudes concernant son avenir.
Publié par Violaine BRISSART