Retour d'expérience : ils ont repris les rênes de leur société
Paris
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Ils étaient salariés, ils sont désormais gérants ou patrons. Quelles ont été leurs motivations ? Comment ont-ils manoeuvré ? Avec quels fonds se sont-ils lancés dans l'aventure ? Ils racontent leur arrivée au "pouvoir".
« C'est mon expérience de directeur de centre de loisirs qui a fait la différence », confie Mickaël Vaz Sanches, franchisé Speed Burger grâce à la promotion interne.
"J'ai
débuté comme livreur." C'était le premier poste de Mickaël Vaz Sanches
au Speed Burger de Limoges (Haute-Vienne), alors qu'il était encore étudiant en
droit. Très vite, il se fait remarquer. Il passe en cuisine, puis au standard,
et transforme ses 10 heures hebdomadaires en contrat de 20 heures. Il
continue de grimper dans la hiérarchie de l'enseigne jusqu'à se hisser au poste
d'équipier polyvalent. Là, il arrête ses études pour rejoindre à temps plein le
restaurant limougeaud. Choix judicieux, car quelques temps après, un nouveau
Speed Burger ouvre à Brive-la-Gaillarde (Corrèze), où il est recruté comme
manager. Six ans plus tard, le franchisé lui propose de racheter le
magasin : Mickaël Vaz Sanches accepte. C'était en mars 2018. "J'étais
en compétition avec d'autres salariés et c'est mon expérience de directeur de
centre de loisirs, quand je n'avais même pas encore mon bac, qui a fait la
différence. Car, du coup, j'avais déjà été confronté à la gestion d'un
budget", raconte le 'jeune' franchisé. Ce qu'en ont pensé ses
collègues ? "Il n'y a eu aucune animosité. Cela fait près de sept ans
que je travaille avec eux, on se connaît. En outre, j'ai expliqué qu'en cas de
désaccord avec mon mode de fonctionnement, chacun était libre de déclencher une
rupture conventionnelle. J'étais même prêt à signer des lettres de
recommandation. Au final, personne n'est parti.
""Les
franchisés de balladins ont soutenu notre candidature
Même
fidélité et même engouement du côté des salariés de l'enseigne balladins. En
juin dernier, à l'issue de plusieurs mois de négociation, David Morel et
Fabrice Beyer ont repris leur entreprise. Tous deux anciens cadres de la
société, ils occupent désormais respectivement les postes de président, développement
& franchise, et directeur commercial & marketing, associé. "Quand on
a su en 2017 que l'enseigne était à vendre, on voulait la reprendre et on
l'a fait savoir à notre président", se souvient David Morel. Avec un plan d'action
sans faille, même face à six autres candidats en lice : "Les
banques voulaient vendre vite, détaille David Morel. Nous étions ceux
qui alliont racheter tout de suite. Et pour cause : les franchisés de
balladins ont soutenu notre candidature. Si un autre repreneur était choisi,
ils étaient prêts à quitter balladins dès la fin de leur contrat de franchise.
Or, en 2019, beaucoup de ces contrats arrivaient à leur terme…" Des
franchisés motivés et des banquiers conquis par le projet du tandem
Morel-Beyer. Les deux associés veulent redorer le blason de balladins et "en
refaire une marque forte". Pour cela ils souhaitent développer le réseau
par le biais de la franchise et avec une licence de marque (by balladins), en France, puis à l'international.
"Notre objectif : 6 nouveaux franchisés et 8 nouveaux hôtels
sous licence de marque par an", confie Fabrice Beyer. Le tout en incitant
chaque hôtelier "à monter en gamme son établissement". David Morel parle
d'aller "jusqu'au 3 étoiles +, notamment dans les centres- villes".
"J'ai
fait un crédit directement auprès du vendeur"
Du
côté des finances, le duo Morel-Beyer a trouvé 7 investisseurs, "avec
des capitaux français", en l'espace de trois mois. "Ils nous donnent
carte blanche pour agir, car aucun ne vient du secteur de l'hôtellerie",
souligne David Morel qui reste, avec son associé, actionnaire majoritaire avec
52 % des parts.
"Je n'ai pas eu besoin de passer par une banque,
explique, quant à lui, Mickaël Vaz Sanches. J'ai fait un crédit directement
auprès du vendeur, avec une mensualité calculée sur trois ans, doublé d'une
rupture conventionnelle, ce qui m'a permis de faire valoir mes droits auprès de
Pôle emploi. Mes indemnités m'aident ainsi à couvrir les mensualités." Il
insiste aussi sur "le rôle déterminant" joué par l'animateur réseau de
Speed Burger, qui l'a accompagné durant la phase de négociation et de reprise.
Aujourd'hui, Mickaël Vaz Sanches se projette déjà dans "l'après". Il
vise une gérance plus grande, "dans une ville comme La Rochelle (Charente
Maritime)". Il a même déjà pensé à la reprise de sa franchise de
Brive-la-Gaillarde : "J'ai un profil proche du mien dans mon équipe. Comme
moi dix ans en arrière, il était inscrit aux Restos du coeur. Comme moi, à
force de travail et d'un peu de chance, il peut y arriver."