À la naissance de mon fils, Nicolas, j'ai quitté Paris. C'est en Corse que j'ai fait mes premiers pas dans l'hôtellerie en intégrant en 2002, La Villa, l'hôtel 5 étoiles de Calvi. J'ai commencé en tant qu'attachée de direction, poste que j'ai occupé pendant six ans avant de passer directrice d'exploitation. À la fin de l'année 2009, j'ai rencontré Claude Sage, l'administrateur des Hôtels du Castellet. Il a été un élément déclencheur. Il m'a poussée dans mes retranchements mais a cru en moi. Il m'a donné la vision financière du métier, du développement des affaires et du montage de projet.
En 2009, j'ai suivi Christophe Bacquié, qui prenait la direction des cuisines des Hôtels du Castellet, pour prendre le poste de directrice déléguée. Le défi était alors de retrouver la croissance dans les hôtels du groupe : l'Hôtel du Castellet, Relais & Châteaux 5 étoiles, et le Grand Prix Hôtel, 3 étoiles.
S'appuyer sur ses collaborateurs pour développer l'entreprise
Je suis convaincue que le développement économique doit se faire en même temps que le développement social de l'entreprise. Pour arriver à relever une croissance, il faut s'appuyer sur ses collaborateurs, mais aussi tout coordonner, tout en étant là pour les clients. Les premières années, Christophe et moi étions impliqués dans tout. Aujourd'hui, on a su s'entourer de bons managers. En 2013, j'ai été nommée directrice générale des deux hôtels du groupe. Cela a été une belle reconnaissance de mon travail mais aussi beaucoup de responsabilités. Nous avons 100 salariés dans le groupe, 140 en pleine saison.
Je pratique ce que j'appelle un management de proximité : ma porte est toujours ouverte, je suis présente. On reçoit dans un hôtel comme chez soi, avec chaleur et convivialité, mais aussi exigence et qualité. Si mon personnel n'est pas reconnu pour sa qualité, ça ne peut pas marcher.
Nous avons une partie du personnel qui est là à l'année, pour lequel il faut limiter le turn-over, mais aussi des saisonniers qu'il faut fidéliser.
Leur montrer leur rôle dans la marche de l'entreprise est essentiel, mettre en avant ce qu'ils ont appris est une source de motivation supplémentaire, leur proposer des perspectives d'évolution sur leur poste ou un projet dans l'entreprise sont des moyens pour les impliquer. J'ai, par exemple, un équipier qui était technicien il y a cinq ans ; aujourd'hui, il est voiturier-concierge.
Le salarié ne doit pas avoir peur de l'entreprise. C'est un échange, une culture d'entreprise que j'entretiens car ce sont des valeurs que nous avons dans nos métiers, qu'il faut transmettre à nos collaborateurs. Le social occupe 60 % de mon temps, mais c'est une démarche indispensable au bon fonctionnement de l'entreprise.
En ce sens, mon expérience à la Banque du Louvre m'a beaucoup apporté, cela a été déterminant dans les relations humaines, dans les relations qu'un manager peut avoir avec ses collaborateurs.
Des projets menés en tandem
Tout cela a été un projet construit avec Christophe, nous avons une vision commune même si nous ne sommes pas toujours d'accord. On n'aurait pas fait la même chose l'un sans l'autre. On a mené ensemble de gros projets ici au Castellet : les cuisines ont été entièrement refaites en 2009, la même année nous avons ouvert le Grand Prix Hôtel, en 2011, on a crée le bistrot San Felice. Entre 2011 et 2014, les chambres ont été rénovées puis cet hiver la salle du Monte Cristo a été entièrement redécorée.
Fin 2014, j'ai été élue, avec le vote de 500 entreprises, Manager de l'année dans le Var. Je n'y ai d'abord pas cru. Je travaille dans l'ombre, je ne cherche pas la reconnaissance. J'ai toujours eu un complexe de ne pas être issue d'une formation hôtelière alors cette première reconnaissance de mon travail m'a beaucoup touchée.
Pour autant, on ne va pas s'arrêter là et continuer d'améliorer les infrastructures de l'hôtel avec notamment, l'hiver prochain, la création d'un spa de 700 m2 et l'ambition de faire de la destination Castellet une référence dans la région".
Publié par Propos recueillis par Marie Tabacchi