L'Hôtellerie Restauration : Vous avez été élu à la tête de l’Atop en mai dernier. Quels seront vos chantiers principaux pendant votre mandat ?
Patrick Hayat : Mon projet à la tête de l’Atop est double : tout d’abord, continuer sur la voie déjà tracée par mes prédécesseurs, c’est-à-dire établir une concurrence loyale entre tous les acteurs d'hébergement, et d’être force de proposition pour que la France puisse accueillir tous les visiteurs de la meilleure manière et avec des règles du jeu identiques pour tous, aux niveaux fiscal, législatif et des normes
D’autre part, l’Atop a aussi vocation à être force de proposition pour mieux comprendre les enjeux du tourisme de demain. Nous nous penchons principalement sur le sujet de l'intelligence artificielle, qui est une révolution majeure dans tout la société et notamment dans l’hôtellerie. Il faut comprendre comment l'utiliser au mieux pour améliorer les services ainsi que le fonctionnement de nos établissements.
Où en êtes-vous de votre combat contre les abus des locations saisonnières ?
Nous voyons fleurir des locations d’appartement sans changement de droit d'usage ni de droit de destination. Mais notre travail contre ces abus n’est pas qu’un combat professionnel, c’est un combat citoyen pour que nos villes ne soient pas défigurées. Au quotidien, nous entendons beaucoup de maires épuisés et désemparés, qui n'ont aucun contrôle ni aucune visibilité sur ce qui se passe dans leur ville et constatent qu’il n’y a plus de possibilité de s’y loger. La conséquence, c’est que les écoles ferment, puis les petits commerces, et les villes finissent par perdre leur âme, donc leur intérêt touristique.
Qu'allez proposer à votre tour ?
Nous souhaitons que le numéro d'enregistrement soit unique et national, et non municipal comme aujourd’hui. Cela permettrait aux maires de comprendre ce qui se passe dans leur ville. De plus, nous voulons que le droit d’enregistrement, avec ce numéro national, ne soit pas corrélé au changement d’usage du logement. Cela permettrait de récupérer les données de toutes les plateformes et de les transmettre aux municipalités. Un projet de loi, baptisé SREN [Sécuriser et réguler l’espace numérique], est en cours d’examen pour que nous ayons un acteur centralisateur qui collectera la donner.
Nous souhaitons également que le loueur fournisse son avis d’imposition lors de sa demande de numéro d’enregistrement, pour que l’administration puisse vérifier qu’il s’agit bien de sa résidence principale.
Bruno Le Maire a fait des annonces concernant la fiscalité des locations meublées en juin dernier. Quelle est votre position sur ce sujet ?
Il existe un abattement fiscal de 71 % pour les meublés classés, avec un plafond de 188 000 €, ce qui me semble être complètement déconnecté de la réalité. Nous souhaitons la fin de cette niche fiscale pour les loueurs professionnels, afin de sortir de cette concurrence déloyale et mettre fin à l’inégalité concurrentielle. Il est complètement fou que les locations de longue durée soient ajourd'hui plus contraintes que les locations de tourisme.
Nous demandons également que mes meublés soient soumis à la TVA, ce qui permettrait que 10 % des recettes enregistrées par les plateformes rentrent dans les caisses de l’Etat. Nous avons calculé que ce manque à gagner atteint un milliard d’euros chaque année.
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Publié par Roselyne DOUILLET