En exclusivité, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire s'expriment sur les problématiques de l'hôtellerie et la restauration

Alors que le premier tour de la primaire à droite doit se tenir le week-end prochain, quatre candidats des Républicains ont été interrogés sur la façon dont ils abordent les grandes problématiques de l'hôtellerie et de la restauration. Les quatre interviews sont accessibles dans leur intégralité sur notre site. En voici également des extraits par thème.

Publié le 15 novembre 2016 à 11:52
• L'économie dite collaborative

Alain JuppéIl est nécessaire que la concurrence se fasse dans des termes loyaux sur un même marché : c'est à l'État de définir ce nouveau cadre concurrentiel équitable et d'alléger les contraintes qui pèsent sur les formes traditionnelles d'activité. L'économie grise doit être combattue avec détermination. L'État doit s'engager pour protéger les formes traditionnelles d'hôtellerie et de restauration, qui sont essentielles à l'offre touristique en France et à notre attractivité.

Nathalie Kosciusko-Morizet : Les règles doivent changer. Cela passe par exemple par le renforcement des contrôles et mesures sur l'obligation de déclarer les revenus perçus - qui seront soumis au financement de la protection sociale - ainsi que la création d'un statut général du travailleur indépendant.

Bruno Le Maire : Il faudra obliger les sites de meublés touristiques à déclarer [leurs revenus] aux services fiscaux. Si la croissance de cette activité ne doit pas être entravée, un cadre doit être fixé. 

Nicolas Sarkozy : Il faut que l'ensemble des prestations soit taxé dès le premier euro. Sans cela, l'hôtellerie périra d'une concurrence déloyale impossible à contrer. [Les règles] devront être fortement durcies tant sur la durée minimum de séjour que la durée maximum de location annuelle. En matière de restaurants, le dérapage est également total. Il faut en finir, sans aucune concession, avec les restaurants clandestins et les sites qui leur permettent de prospérer. 

 

• La place du tourisme

A. J.  Il faut veiller à préserver et valoriser nos atouts, tout en rénovant nos capacités d'accueil. 

N. K.-M. Je ne pense pas nécessaire de créer un poste de ministre. L'expérience montre que ce type de secteur transversal est aussi bien géré à l'intérieur d'un grand ministère, dans le cadre d'une grande direction générale créée à cet effet.

B. Le M. Le tourisme pèse de plus en plus lourd dans l'économie française et doit être considéré comme une industrie à part entière.

N. S. Face à la menace terroriste, il faut faire plus pour promouvoir la destination France par une coordination plus étroite entre les professionnels du tourisme, l'État et les collectivités locales.

 

• L'amas de réglementations

A. J. L'administration doit développer une culture du conseil et en finir avec la suspicion. J'autoriserai les entreprises à recourir à des organismes privés certifiés. Les Urssaf devront distinguer ce qui relève de la fraude ou de l'erreur. Pour ceux qui le souhaitent, je veux permettre la liberté d'affiliation à un autre régime [que le RSI]. Les cotisations sociales au RSI seront allégées. Je suis favorable à l'abrogation du compte pénibilité.

N. K.-M. Notre pays est étouffé par l'inflation normative et l'insécurité juridique. Je propose de ne garder dans le code du travail que les dispositions d'ordre public et de renvoyer tout le reste à des négociations par branche et au sein des entreprises.

B. Le M. Je propose d'appliquer à l'administration des contraintes qui la forcent à réfléchir aux implications de ce qu'elle décide souvent pour se protéger elle-même.

N. S. Il nous faut revoir profondément l'ensemble des dispositifs normatifs. Je pense par exemple à l'aménagement des obligations d'accessibilité. Et il faut retrouver le sens de la mesure dans l'application des règles.

 

• Les leviers à mettre en oeuvre pour dynamiser les TPE et PME

A. J. Que la durée du travail soit fixée par accord dans l'entreprise. Inscrire les motifs réels et sérieux de licenciement dans la loi, afin qu'ils puissent être repris directement dans le contrat de travail et adaptés à l'entreprise. Renforcer les allégements sur les bas salaires. Supprimer l'ISF. Ramener le taux d'imposition sur les sociétés à 24 % pour les TPE.

N.K-M. Par un choc fiscal sans précédent de 100 milliards d'euros en faveur des entreprises. Je propose une baisse de 65 milliards sur le travail et 35 milliards sur le capital. Il faut aussi ramener l'impôt sur les sociétés au taux européen (25 %).

B. Le M. Nous mettrons en place un CDI plus souple. Avec la création d'un contrat à objet défini qui remplacera les CDD. Les indemnités prud'homales seront plafonnées. Nous basculerons le CICE en baisse des charges. Nous baisserons l'impôt sur les sociétés à 30 %.

N. S. Il est urgent de réduire le coût du travail. Je propose une suppression complète des charges sociales qui pèsent sur le smic, dégressives jusqu'à 1,6 smic. Le CICE sera supprimé, remplacé par une baisse durable des charges patronales. Je souhaite abroger le compte pénibilité. Chaque entreprise aura le droit de déterminer librement le temps de travail [sous certaines conditions].

• Les problématiques de trésorerie

A. J. Les conditions de crédit devraient s'améliorer pour les entreprises par une meilleure rentabilité qui résultera des mesures fiscales que j'ai annoncées. Cela devrait aussi encourager les banques à accorder des conditions de crédit plus favorables.

N. K-M. L'État peut faire beaucoup pour créer un écosystème favorable et vertueux pour les entreprises, mais ne peut pas se substituer au travail des banques.

B. Le M. Les problèmes de trésorerie se règlent en améliorant les marges, en favorisant un accès plus large aux solutions de financement des entreprises.

N. S. L'accès au financement des entreprises doit redevenir une priorité des pouvoirs publics.

• La TVA

A. J. Hausse d'un point du taux normal de la TVA. Cette hausse ne s'appliquera pas aux taux réduits.

N. K-M. Je n'envisage pas d'augmentation de la TVA.

B. Le M. Nous nous refusons à toute hausse d'impôts, quelle qu'elle soit.

N. S. Il n'y aura pas de hausse de la TVA.

Publié par Sylvie SOUBES



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