"Je passe les deux tiers de mon temps au
Napoléon." Propriétaire de l'établissement depuis 2015, Isabelle Pozza en a fait sa "cantine" au déjeuner comme au
dîner. Situé boulevard Victor Hugo, à Nîmes (Gard), entre la Maison carrée et
les arènes, ce café, également restaurant, était fermé depuis trois ans avant
son rachat. "Tout était à refaire",
se souvient la patronne. Et c'est en amorçant une importante vague de travaux
que des vestiges du XIXe siècle ont été découverts. Normal : le Napoléon
existe depuis 1813. "Il a alors
fallu dépêcher un architecte des Bâtiments de France pour superviser le
chantier", poursuit Isabelle Pozza. Un chantier de près d'un an, qui
s'est soldé par le retour des fresques peintes à la main, dorures, lustres, immenses miroirs et moulures au plafond : un décor Second Empire, témoin
d'une splendeur passée et désormais classé monument historique. "En termes de mobilier et autres objets de
décoration, il ne restait rien des deux derniers siècles dans le restaurant.
Des objets de style Napoléon III ont été rachetés dans des hôtels de ventes,
afin de recréer une atmosphère XIXe", raconte la propriétaire qui a
quitté la Normandie, où elle a eu restaurant et hôtel, pour venir s'installer à
Nîmes.
Un lieu unique par son
histoire, tout en étant "au goût du jour"
Aujourd'hui,
le Napoléon compte une soixantaine de couverts en salle et, dès les beaux
jours, une quarantaine de places supplémentaires se déploient en terrasse.
Isabelle Pozza parle d'un "mélange
de clientèles" : "Nous
avons aussi bien des Nîmois que des touristes, des hommes, des femmes de toutes
les tranches d'âges..." Lorsqu'elle évoque son établissement, elle parle d'un "lieu unique à Nîmes et même dans la région".
Unique par sa déco, son décor, son histoire, tout en étant "au goût du jour" côté cuisine. Au
printemps et en été, la carte flirte avec "un esprit
brasserie" et propose plutôt "une cuisine traditionnelle française" dès l'arrivée des
premiers froids. Parmi les grands classiques de la maison : le tartare de
boeuf, la tête de veau mijotée ou encore le gratin de brandade. Le tout rythmé
par le respect de la saisonnalité des produits. "Nous avons
aussi la possibilité de privatiser l'espace bibliothèque du restaurant, le
temps d'un repas d'affaires, d'amis ou de famille", souligne encore
Isabelle Pozza.
Le 'Napo', comme l'appellent les Nîmois, revendique
son passé, mais se veut bel et bien campé dans le présent : en marge de
l'accueil des groupes, l'accès gratuit au wifi en est une autre illustration.
La renaissance du lieu est donc un pari réussi. Hasard du calendrier : celle-ci
précède peut-être de peu l'inscription de la ville de Nîmes au patrimoine mondial
de l'Unesco. La candidature a été officiellement déposée fin 2017.