“Soit les entreprises remboursent leur PGE et elles n’investissent plus, soit elles continuent d’investir et elles ne peuvent pas rembourser.” C’est ainsi que Roland Héguy, président de l’Umih, a amorcé la réunion qu’il a tenue le 17 février 2022 dans un salon de l’Intercontinental Paris Le Grand (IXe), avec l’ensemble des acteurs du tourisme. À deux mois de la présidentielle, les membres de cette confédération professionnelle font cause commune et tirent la sonnette d’alarme. “Notre secteur représente deux millions de salariés et 8 % du PIB”, a rappelé Roland Héguy. Ce qui l’inquiète, c'est que “si rien n‘est fait, on ne va plus travailler que pour rembourser”. Or, il est difficile d’être hôtelier ou restaurateur sans investir, à l’heure où développement durable et digitalisation sont des clés de positionnement. Même scénario dans l’événementiel ou encore les transports de voyageurs. Quant à l’hôtellerie de plein air, 24 % en moyenne du chiffre d’affaires est réinvesti. Roland Héguy et les membres de la Confédération des acteurs du tourisme réclament donc, d’une même voix, un début du remboursement des PGE repoussé au printemps 2023 - et non 2022 comme cela est actuellement prévu -, ainsi qu’un étalement de celui-ci sur dix ans et non plus six. “Nous sommes prêts à discuter avec le Gouvernement”, a insisté le patron de l’Umih. Un exercice désormais rodé depuis deux ans.
La reprise n’est pas toujours au rendez-vous…
La réunion à l’Intercontinental Paris Le Grand a également permis de dresser un état des lieux du tourisme en France. Principal constat : la reprise n’est pas toujours au rendez-vous. Bon nombre d’hôtels, notamment à Paris, sont loin d'être remplis, faute de clientèle étrangère. Les campings qui ont l’habitude d’accueillir une majorité de vacanciers britanniques ont vu, pour certains, leur activité chuter de 75 %. Quant aux transports de voyageurs, 42 % des chefs d’entreprises de ce secteur ne seraient pas dans la capacité de rembourser leur PGE dans les prochains mois. “Le tourisme d’affaires n’a pas vraiment redémarré”, a ajouté Jean-Luc Michaud, président exécutif de l’Institut français du tourisme (IFT), qui a expliqué le phénomène à la fois par l’absence d’internationaux et par le recours au télétravail. “Le tourisme est une chaîne, avec des acteurs en situation de complémentarité et pas de concurrence”, a poursuivi Nicolas Dayot, président de la Fédération nationale de l'hôtellerie de plein air (FNHPA). Ces acteurs l’ont démontré ce 17 février en étant tous réunis autour d’une même table. “Nous sommes au bout du chemin, a conclu Roland Héguy. Il faut réamorcer nos entreprises grâce à un partenariat avec le Gouvernement. Sinon, avec les PGE, on aura l’impression d’avoir arrosé le sol pour rien.”
Publié par Anne EVEILLARD