Votre sentiment à l'égard des différentes actions gouvernementales destinées au secteur ?
Roland Héguy : Il y a eu des avancées et de très belles victoires pour l'UMIH dont toute la profession va pouvoir bénéficier. Citons la reconnaissance du statut d'artisan cuisinier, les mesures en faveur de la simplification et l'instauration d'un contrat de mandat entre les hôteliers et les plateformes de réservations en ligne qui entrainera, une fois la loi MACRON promulguée, la fin de la clause de parité tarifaire. Le nouveau Prêt restauration (avec Bpifrance) permettra un accès au crédit facilité pour les restaurateurs pour leurs mises aux normes et leur projet de modernisation. Je vous rappelle qu'il a été lancé par le Président de la République en personne à l'occasion de Planète PME. De plus, plusieurs actions concrètes ont été annoncées par le Laurent Fabius et son ministère lors de la remise des travaux du Conseil de Promotion du Tourisme, notamment la mise en place d'un fonds d'investissement en faveur de l'hôtellerie. Le tourisme est enfin reconnu comme une économie à part entière, qu'il faut soutenir et accompagner.
A l'opposé, qu'est-ce qui ne vous va pas du tout ?
Cette économie grise qui se développe. Nos professionnels sont exaspérés par l'empilement de nouvelles réglementations alors que se développent, de manière incontrôlée, à côté des chez eux, des activités illégales hôtelières et de restauration qui ne respectent pas la réglementation en vigueur et ne subissent aucun contrôle. L'Etat doit jouer son rôle et faire respecter l'équité. L'Umih continuera de porter ce dossier pour que les mêmes règles soient appliquées à tous. Nous mènerons des actions à la rentrée, avec un point d'orgue lors de notre prochain Congrès national. Parmi les nouvelles contraintes imposées aux professionnels, l'affichage des résultats des contrôles d'hygiène n'est pas une bonne chose en l'état, car il va stigmatiser les établissements ayant obtenu une note moyenne. La clientèle n'ira pas chez eux. Cet aspect moyen va au détriment de la réalité. Dans notre secteur, soit on est apte à ouvrir, soit on ne l'est pas. Et puis, on était sur un principe d'expérimentation et sans en attendre les résultats on nous présente un dispositif pour la généralisation, différent de celui utilisé pour l'expérimentation. Dans ce dossier, combien de dépôts de bilan et d'inscriptions à Pôle emploi seront nécessaires pour comprendre l'absurdité du mécanisme ? Autre sujet, la représentation interprofessionnelle régionale des syndicats de salariés dans nos TPE (loi Rebsamen). Là encore, comment accepter l'instauration d'un dialogue avec quelqu'un qui ne connaîtra pas l'entreprise et son mode de fonctionnement ? L'Etat ici ne simplifie rien. Au contraire, il alourdit le système. C'est une porte ouverte à de multiples contentieux. C'est pourquoi, nous maintenons la pression sur les instances interprofessionnelles et nous travaillons à l'adaptation des CRPEF de la branche à ces nouveaux dispositifs.
Plusieurs organisations ont rejoint l'Umih en tant que syndicat associé. Quel est votre message aujourd'hui ?
L'Umih fédère et a conforté sa place de porte-parole de la profession. 2015 est une année historique pour notre organisation qui représente l'ensemble des familles professionnelles de notre secteur: indépendants, franchisés, chaînés. Et 'est l'ensemble de la profession qui bénéficie de nos actions. . Il faut cesser d'opposer chaînes et indépendants, c'est un discours passéiste ; les combats de la profession sont les mêmes, qu'il s'agisse de la pénibilité, de la réglementation, de l'économie grise… N'oublions pas aussi que de nombreux salariés de chaîne passent ensuite au stade d'indépendant, en créant leur propre entreprise. La priorité de nos métiers, c'est le client. On travaille pour le client. D'autre part, qui aurait pu imaginer qu'Accor mette sa plate-forme à disposition des indépendants ? C'est une petite révolution qui va dans le bon sens pour les indépendants
Avec mon vice-président, Hervé Bécam, nous avons toujours eu la volonté de rassembler toutes les tendances de la profession au sein de la maison Umih. Notre poids et notre représentativité sont essentiels pour être efficace dans nos actions auprès des pouvoirs publics. Au conseil de promotion du tourisme, je parle au nom de toute la profession. Parmi les dossiers transversaux, il y a, je le répète, celui de l'économie grise. Nous ne lâcherons rien.
Comment voyez-vous la saison et… l'avenir de la profession ?
Le début de l'année a été marqué par des événements qui ont freiné l'activité. Le mois de mai a été moyen mais depuis juin il y a une reprise de l'activité. L'été a bien commencé. Nous sommes sur un rythme plus soutenu qu'en 2014. Et nous ne pouvons que nous en féliciter. Restons prudents toutefois : la saison débute à peine. Quant à l'avenir de la profession, l'urgence concerne l'accueil et la qualité. Un double constat s'impose : le secteur doit avoir les moyens d'augmenter son chiffre d'affaires, tout comme l'entreprise doit être tirée vers le haut. Quand on parle de l'accueil, c'est tripartite : salarié, client, entreprise. Il faut actionner les bons leviers, ceux qui seront rapidement efficaces car la concurrence est mondiale. Les nouvelles technologies, le digital en font partie. Enfin, je pense qu'il est important de réaffirmer notre attachement au régime de prévoyance et santé de notre branche, HCR Prévoyance, qui est un véritable atout pour les entreprises et les salariés du secteur.
Publié par Propos recueillis par Sylvie Soubes
vendredi 24 juillet 2015
vendredi 24 juillet 2015
jeudi 23 juillet 2015