Interrogé sur le conflit des taxis fin juin par le Journal du dimanche, l'économiste et écrivain Jacques Attali estime que "la mise en commun des services, des espaces et des savoirs est irréversible". Il dit également que "nous devons repenser notre système législatif sans tomber dans une censure technologique". Si UberPop a décidé de suspendre son service en ligne en France, ce n'est pas sous la pression de l'État, mais face aux violences engendrées sur le terrain. Il est certain que la société californienne reviendra à la charge, d'une manière ou d'une autre. Pour les taxis, il s'agit de sauver leur outil de travail et éventuellement leur retraite.
Les hôteliers, qui dénoncent la multiplication des locations meublées et autres concurrences déloyales, portent un combat similaire avec un enjeu supplémentaire : l'emploi. Un hôtel crée de l'emploi direct. Mais que répondre au consommateur qui veut toujours mieux, moins cher et place désormais le partage comme valeur économique ? Quelles sont les cartes en main des pouvoirs publics, qui prônent les vertus de l'économie collaborative ? La secrétaire d'État chargée du Numérique, Axelle Lemaire, l'a affirmé : "L'économie du XXIe siècle sera collaborative ou ne sera pas !" Le Gouvernement va publier en octobre une stratégie nationale qui doit en "préciser les frontières". Vaste chantier car pris en étau : recettes supplémentaires impératives, électorat à satisfaire, liberté et boulimie commerciale du Net qui bouleversent les rapports de force…
Jacques Attali porte un regard juste quand il parle de mouvement "irréversible". L'uberisation s'infiltre partout. Pire, derrière l'esprit de partage qui s'est invité dans le débat, se cache à chaque fois la réalité commerciale immédiate. Que faire quand un distributeur, enseigne de proximité, installe des tables et des chaises après les caisses parce qu'il développe son offre de vente à emporter ? Et si demain cette enseigne décide de créer son propre réseau gourmand ? Bon d'accord, il reste Alim'agri, ce nouveau site mis en ligne par le ministère de l'Agriculture sur la transparence des résultats des contrôles officiels en restauration commerciale à Paris et à Avignon. Souriez, vous êtes en ligne.
Publié par Sylvie SOUBES