L'Hôtellerie Restauration : Pourquoi avez-vous décidé d’engager Accor et la marque Orient Express dans le défi sportif de la coupe de l’America ?
Sébastien Bazin : L'Orient Express est une marque très forte, visible, crédible partout dans le monde depuis toujours. Alors que depuis vingt ans, elle n’a pas eu l’occasion de briller, elle a continué d’exister dans l’imaginaire, au firmament dans l’esprit des uns et des autres. C’est parce que cette marque n’a jamais été un produit, une montre, une écharpe, un collier… C'est un sentiment. C’est pour cela que la coque reprend ce même liseré jaune, cette même couleur bleue [que les wagons du train, NDLR]... Ça vous dépasse et ça me dépasse.
Cela fait trois ans que l’on essaie d’écrire l’histoire de l’Orient Express, les pièces du puzzle s’assemblent peu à peu. Il s’agit aujourd’hui de faire vivre une marque pour que les gens la voient, avec des valeurs fortes, et de l'associer à un défi français.
Le sport est-il essentiel dans les valeurs portées par Accor ?
Ce que je sais, c’est que j’ai envie que tous ces jeunes sportifs [équipiers engagés dans l’America’s Cup] deviennent collaborateurs d’Accor. Chaque sportif de haut niveau a pour moi quelque chose en plus, une carapace, une passion, un sens de l’effort qui lui permet de s’entrainer des années durant pour une compétition de quelques minutes.
Et cette petite chose en plus, dans l’hôtellerie, dans le service, c’est exactement ce qui fait le succès d’une marque par rapport à une autre, c’est le sourire, c’est la bienveillance… Deux personnes côte à côte dans une même entreprise n’auront pas le même sens de l’effort, et l’entrepreneur doit savoir déceler cela chez ses salariés, non pour blâmer celui qui l’a moins, mais pour remercier celui qui l’a.
Orient Express est une marque qui fait rêver. Et vous, de quoi rêvez-vous pour Orient Express ?
Pour Orient Express, je rêve grand et beau. J’ai besoin d’esthétisme, de la couleur de l’eau, du vent, d’imprévus. J’adore les imprévus car c’est là que l’on mesure la qualité des hommes et des femmes.
Est-ce la même chose au sein le groupe Accor ?
Je n’aime pas m’arrêter, j’aime le mouvement, la prise de risque… Quelqu’un me remplacera un jour, mais j’aimerais me dire que j’ai laissé une petite trace. Attention, je ne suis pas parti encore, je m’amuse comme un fou ! Mais j’ai besoin que le bateau Accor bouge, se développe vite et sur beaucoup de continents.
Quelle est votre vision de l'hôtellerie de demain, le chemin à prendre avec Accor ?
Aujourd’hui, on a 46 ou 47 marques, je suis sûr qu’on en aura trois ou quatre de plus, on est présents sur tous les territoires sur lesquels on souhaite être, on a des talents incroyables. Ce qu’il nous reste à faire, c’est une seule chose : être capable de faire rentrer tous les gens d’un quartier dans notre hôtel, quand bien même ils n’y vont pas ni prendre une douche ni y dormir. Un lieu où les gens se rencontrent, se découvrent, prennent un verre, travaillent. Au fond, faire l’inverse de ce qu’on a fait depuis cinquante ans, où les hôtels étaient vides entre 8 heures et 19 heures, alors qu’ils étaient placés en plein centre-ville avec tous les services autour.
Ce que je cherche, c’est comment je peux être un curateur et embarquer avec moi une clientèle de quartier pour qu’elle découvre un restaurant ou un hôtel, et la clientèle d’un hôtel pour qu’elle découvre une ville, une culture et des gens. Si on arrive à faire ça, on a gagné.
Publié par Roselyne DOUILLET