En novembre dernier, Philippe Lebœuf s’est rendu à New York pour recevoir une distinction très convoitée : le prix du meilleur hôtelier du monde décerné par le magazine Hotels. En huit ans, le Français a réussi à positionner l’hôtel Mandarin Oriental Paris parmi les cinq premiers établissements de luxe de la capitale. L’hôtel - le premier certifié haute qualité environnementale à Paris - dispose d’un spa de 900 m², de 2 étoiles Michelin pour le restaurant Sur Mesure par Thierry Marx, et de près de 30 récompenses à ce jour. “J’aime les ouvertures d’hôtel : des décisions fondamentales sont prises à ce moment-là”, note ce Vosgien qui a gravi tous les échelons de l’hôtellerie de luxe, à force de travail.
Du brevet technique à HEC
“Je suis bac – 1”, se plaît à dire Philippe Lebœuf. Titulaire d’un brevet technique de tourisme et d’hôtellerie, l’adolescent fait ses premiers pas à l’Hôtel Concorde Lafayette, à Paris, et se hisse en cinq ans au poste de directeur clientèle. Il part ensuite aux États-Unis, avec 3 000 francs en poche, afin de parfaire sa maîtrise de la langue de Shakespeare. “J’ai travaillé pour la compagnie Forte Hotel Group. Quand il y avait un poste en ouverture, les jeunes étaient parachutés dans des services sans avoir aucune compétence, on nous jetait dans le grand bain. Cela a été l’expérience la plus formatrice de ma carrière, confie-t-il. Il faut travailler dur aux États-Unis, il y a peu de vacances, mais on peut réussir très vite.” Quatre ans après son arrivée à New York, le Français est ainsi propulsé directeur adjoint d’un palace, le Carlyle Hotel, avant de prendre la direction du Westbury Hotel. “Une fois que l’on possède l’aspect réception caractérisée par l’attention aux clients et le côté commercial, on a les clés pour diriger une entreprise hôtelière”, estime-t-il.
En 1995, il revient dans l’Hexagone et devient directeur général du Crillon, puis directeur général du Groupe des Hôtels Concorde, tout en étant administrateur du groupe The Leading Hotels of the World. Un passage sur les bancs d’HEC lui permet de peaufiner ses connaissances en finances et en stratégie, grâce à deux formations certifiantes Cesa. Un tremplin qui lui permet de décrocher les postes de directeur général délégué de Louvre Hotels ou encore de vice-président des opérations de Rosewood Hotels à Dallas. Mais l’opérationnel finit par manquer à cet homme de terrain : en 2007, Philippe Leboeuf reprend les rênes du Claridge’s à Londres, avant d’ouvrir le Mandarin Oriental Paris.
Être au cœur de l’action
La direction d’un hôtel de luxe est un métier aux multiples facettes : il faut fixer un cap stratégique, veiller au bon fonctionnement administratif et opérationnel de l’établissement, promouvoir l’enseigne à l’étranger, accueillir les VIP… Philippe Leboeuf a d’ailleurs souhaité que son bureau donne sur le hall de l’hôtel, afin d’être au cœur de l’action. “J’ouvre l’hôtel à 8 heures en prenant connaissance de ce qui s’est passé la veille et en revoyant la préparation de la veille pour les arrivées du jour. Un brief permet de faire le point sur les activités quotidiennes, puis je fais un tour de l’hôtel. Ma place est plus auprès de mes clients et de mes collègues que derrière mon bureau. Je me promène beaucoup, j’inspecte les chambres, je rends visite aux VIP…”, précise le patron, à la tête de 350 salariés. Pour lui, les ressources humaines sont primordiales. “Je participe aux entretiens d’embauche. Je ne vérifie pas le côté technique des profils, mais le côté humain. J’engage plutôt de l’attitude que de l’aptitude”, glisse-t-il.
En parallèle, Philippe Leboeuf est vice-président régional en charge des opérations. Concrètement, il supervise deux établissements du groupe à Genève et Marrakech, et étudie des dossiers de reprise d’autres hôtels. “Dans ces métiers, une expérience à l’étranger est indispensable. Il faut avoir le sens de l’hospitalité, être disponible et passionné, travailler dur, savoir faire du sur mesure et être flexible, car ce secteur change à vitesse grand V à cause de la digitalisation. Il faut avoir des centres d’intérêt à côté pour éviter d’avoir toujours la tête dans le guidon, et être patient. Il n’y a aucun établissement où je sois resté moins de trois ans. La loyauté envers l’employeur, ça veut dire beaucoup”, conclut-il.
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Publié par Violaine BRISSART