De plus en plus d'acteurs ont pris conscience de cette problématique. Le groupe Hilton, par exemple, a annoncé la suppression des pailles en plastique dans l'ensemble de ses hôtels, d'ici la fin de l'année. La ville de Seattle, aux États-Unis, bannira leur utilisation dans tous ses restaurants, bars et cafés dès l'été. Le Royaume-Uni entend suivre la même démarche courant 2018. L'Hexagone, en revanche, est à la traîne. Si la vaisselle jetable en plastique (gobelets, assiettes, verres) y sera interdite à l'horizon 2020, les pailles, elles, ne sont pas concernées. L'association Bas les pailles a donc lancé une pétition afin d'infléchir la législation, tandis que certains professionnels ont déjà pris le taureau par les cornes.
Sensibiliser la clientèle
Myriam Boyer, à la tête d'un food-bike à La Rochelle (Charente-Maritime), a fait une croix sur les pailles : "Toute l'éthique de Gurou tourne autour du recyclable, les contenants sont en papier kraft, jusqu'au gobelet de jus de fruits. Certaines personnes n'aiment pas boire directement à la canette : c'est à ce moment-là qu'il faut défendre sa démarche. Cet été, je vais proposer du thé glacé : j'y ajouterai des bâtonnets en bois pour les glaçons. C'est écologique et ça fera très bien l'affaire."
Moins radical, Joseph Thomas, propriétaire de la brasserie strasbourgeoise Jeannette et les cycleux, a opté pour des pailles en carton. "Au final, une paille dure deux minutes. On a donc décidé de n'en mettre plus que dans les mojitos et les cocktails, en raison de la glace pilée", glisse-t-il. Les inconvénients ? "Le prix est six fois supérieur à celui des pailles en plastique, et puis les pailles en carton se ramollissent plus vite. Mais quand on explique notre démarche aux clients, ça passe toujours, ils sont compréhensifs. On a d'ailleurs communiqué là-dessus sur Facebook et on a reçu un accueil très enthousiaste. Les clients, tout comme les salariés, ont l'impression de faire un geste pour l'environnement", remarque-t-il.
À Lille (Nord), Olivier Tiercin, le gérant du Bistrot de Saint-So, a également franchi le pas, en portant son choix sur l'amidon de maïs : ces pailles "ont l'avantage de se décomposer en neuf mois", note-t-il. Ses équipes ne proposent plus de pailles systématiquement et elles n'hésitent pas à sensibiliser les enfants, "très réceptifs à la protection des animaux".
Kaveh Jahanshashi, gérant du bar brasserie dijonnais Trinidad, a quant à lui adopté l'inox : "Les gens ont la fausse impression que ces pailles ne sont pas hygiéniques. Je leur explique qu'il n'y a pas mieux, c'est le matériau dont on se sert pour les équipements en cuisine. Pour l'entretien, il suffit de passer les pailles au goupillon puis à l'osmoseur à 90 °C." Un choix dont le professionnel se félicite : "On y gagne énormément. On dépensait entre 150 et 200 € HT par mois pour les pailles en plastique. J'ai payé 200 € les 200 pailles en inox, et j'investis chaque mois 50 € supplémentaires, car il y a pas mal de vols et de dégradations. C'est vite rentabilisé."
Publié par Violaine BRISSART